La définition des finalités et des objectifs de l’action est le premier acte fondamental de toute stratégie. Appliquée aux affaires de défense et de sécurité, cette obligation souligne la primauté des options politiques ; c’est le rôle des Livres blancs. La « démarche stratégique », pragmatique et collective, s’appuie sur les connaissances partagées de l’environnement, sur les compétences et l’expérience des praticiens, dans des échanges du sommet à la base et de la base au sommet. Les acquis de la prospective et de la géopolitique contribuent à définir les tendances lourdes et les invariants comme à évaluer les évolutions possibles, présentes et futures, du continuum Défense/Sécurité. Sans oublier l’éthique, c’est une dimension fondamentale de la stratégie, qui interdit de transgresser les valeurs fondatrices des démocraties.
Fondamentaux de la stratégie
The principles of strategy
A definition of the aims and objectives of an action is the departure point for any strategy. When applied to matters of defence and security, this obligation emphasizes the primacy of political choices, which is the role of the defence white paper. The pragmatic and collective ‘strategic approach’ is based on knowledge of the environment and the abilities and experience of experts, distilled from consultation at all levels. A knowledge of likely future developments and geopolitics contributes to a definition of important trends and invariables, and thus to an evaluation of possible developments, present and future, in the defence and security environment. All this is not to exclude the ethical dimension, which is a fundamental component of strategy, and which prevents the violation of the founding values of democracies.
Depuis la publication du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale en 2008, et en prélude à la mise en place de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem), on observe une prolifération d’essais, d’articles, de conférences et de colloques qui traitent de la recherche stratégique française. Devant l’abondance et la richesse des contributions, la multiplicité des organismes et des chercheurs civils et militaires, universitaires et praticiens, et devant la diversité des disciplines et des points de vue, le besoin de rapprocher et de hiérarchiser les concepts paraît évident. Il faut faire œuvre de pédagogie pour sensibiliser et éclairer l’opinion, en présentant à nos concitoyens des explications claires, des synthèses compréhensibles.
D’où cet essai pour tenter de dégager quelques éléments fondamentaux de la stratégie. Trop d’échanges savants occultent les questions essentielles et contribuent à obscurcir les débats. Nos compatriotes, préoccupés à juste titre par bien d’autres sujets d’actualité de la vie sociale, économique et politique, ont besoin de disposer de repères et de critères de bon sens, pour exercer leurs choix en connaissance de cause sur les questions de défense et de sécurité. Mais, comme dans tous les autres pays du monde, il ne leur est pas facile de prendre assez de recul pour surmonter les handicaps d’héritages culturels, de préjugés politiques, de tabous et de « non-dits », autant de facteurs qui contribuent à fausser la représentation des réalités dans l’esprit des peuples. Dans la continuité du projet républicain, il faut leur fournir des clés pour comprendre, pour choisir et pour décider des questions essentielles au regard de leur protection et de leur sécurité.
Les stratégies
Dans les écoles de guerre, on définit la stratégie comme une « combinaison des voies et des moyens nécessaires pour atteindre les objectifs fixés par l’autorité supérieure », après avoir procédé au préalable à une « appréciation de la situation » destinée à prendre en compte les atouts et les faiblesses, les opportunités et les dangers, et les autres éléments nécessaires à la compréhension du contexte de l’action à entreprendre. On y apprend comment répondre aux questions « Quoi faire ? » et « Comment faire ? », en demeurant pénétré par la célèbre interrogation attribuée au Maréchal Foch, « De quoi s’agit-il ? ».
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