Un Haut conseil d’État des forces armées (HCE) démet, le 6 août 2008, de ses fonctions le président de la République Sidi ould cheikh Abdallahi, et s’engage à organiser une élection présidentielle dans les délais les plus courts. Le général Mohamed ould Abdelaziz, à la tête du HCE, est contraint sous la pression internationale de signer un accord avec le Front national pour la défense de la démocratie (FNDD), réunissant les forces politiques d’opposition. L’accord prévoit principalement la création d’un gouvernement d’union nationale et l’organisation d’une élection présidentielle effectivement pluraliste et démocratique. La victoire du général Abdelaziz, dès le premier tour du scrutin, le 18 juillet 2009, est vivement contestée par l’opposition.
Mauritanie : le « mouvement de redressement »
Mauritania: the ‘movement for renewal’
In Mauritania, a high council of state for the armed forces (HCE) relieved President Sidi Ould Sheikh Abdallahi of his functions on 6 August 2008 and undertook to organize a presidential election as soon as possible. General Mohammed Ould Abdelaziz, as head of the HCE, was under international pressure to sign an agreement with the national front for the defence of democracy (FNDD), thus bringing together the opposition political forces. The agreement provides principally for the creation of a government of national unity and the organization of an effective pluralist and democratic presidential election. General Abdelaziz’s victory in the first round of voting on 18 July 2009 is hotly disputed by the opposition.
Le président Sidi ould Cheikh Abdallahi repousse, par un argument de procédure, la convocation du Parlement en session extraordinaire, demandée par des députés. Ces derniers protestent notamment contre la constitution du dernier gouvernement, et veulent une enquête sur l’attribution de fonds publics à la fondation caritative de la femme du chef de l’État. Le président ould Cheikh Abdallahi décide, le 6 août 2008, de limoger les généraux soutenant ces députés. Ces généraux réagissent, le jour même, en déposant le Président et en annonçant la création d’un Haut conseil d’État des forces armées et de sécurité (HCE). Le général Mohamed ould Abdelaziz, à la tête du HCE, prépare une élection présidentielle pour légitimer sa prise de pouvoir, et se maintenir à la tête du pays. Cependant, la communauté internationale le contraint à rétablir une certaine légalité en constituant un gouvernement d’union nationale, et à organiser une consultation véritablement pluraliste le 18 juillet 2009.
Réactions au putsch du général Abdelaziz
La communauté internationale – Nations unies, Union africaine, Union européenne, États-Unis – réclame fermement le respect de l’ordre constitutionnel. Les programmes de coopération en cours avec la Mauritanie sont suspendus, à l’exception de l’aide humanitaire. Les autorités américaines décident, le 16 octobre, « des restrictions de voyage à destination des États-Unis contre certains membres de la junte militaire et du gouvernement ». Dans la majorité présidentielle, l’Alliance populaire progressiste (APP) de Messaoud ould Boulkheïr et les membres du Parti national pour la démocratie et le développement (PNDD) fidèles au chef de l’État, exigent le retour à la légalité. Deux partis de l’opposition, le Rassemblement national pour la réforme et le développement (RNRD) de l’islamiste modéré Mohamed Jemil ould Mansour et l’Union des forces démocratiques (UFP) de Mohamed ould Maouloud posent la même exigence. Ils créent le Front national pour la défense de la démocratie (FNDD), et veulent organiser, le 18 août, une manifestation qui est interdite. Le 14 septembre, une embuscade est réalisée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), à Tourine, à moins d’une centaine de kilomètres de Zouerate dans le nord du pays. Le bilan est de 12 tués, et les assaillants repartent avec les véhicules et les armes pris aux militaires. L’Algérien Abdelmalek Droukdel, quelques jours après le coup d’État, a appelé à se préparer à la « guerre sainte » contre des « dirigeants apostats » soutenus par « l’Amérique, la France et Israël ».
Ély ould Mohamed Vall, à l’origine du coup d’État qui a renversé le président ould Taya, le 3 août 2005, et favorisé l’élection de Sidi ould Cheikh Abdallahi, le 25 mars 2007, ne commente pas le coup de force de son cousin germain effectué pendant son séjour d’un mois en Irlande. Ils appartiennent tous les deux à la tribu des Oulad Bousba. Des manifestations de soutien au général Mohamed ould Abdelaziz sont organisées dans le pays. Plus de 20 000 personnes se rassemblent, le 18 août, dans le stade de Nouakchott. Un nouveau Premier ministre, Moulaye ould Mohamed Laghdaf, ambassadeur près de l’Union européenne, est nommé le 14 août 2008. Des partis de l’opposition, l’Alliance pour la justice et la démocratie/Mouvement pour la rénovation (l’AJD/MR) d’Ibrahima Moctar Sarr, et le Parti mauritanien pour l’union et le changement (PMUC) de Saleh ould Mohamedou ould Hanenna acceptent d’intégrer un gouvernement. Le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) d’Ahmed ould Daddah fixe plusieurs conditions pour sa participation à une nouvelle équipe, dont le refus d’une candidature militaire à l’élection présidentielle. Il décline la proposition, n’obtenant pas les réponses et les garanties demandées.
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