Editorial
Éditorial
C’est une ligne éditoriale renouvelée que propose en ce début d’année votre très vénérable revue qui a repris son nom d’usage de Défense Nationale, de RDN, sans pour autant renoncer à traiter de sécurité, tant s’en faut.
Pour commencer deux éclairages vous sont présentés, l’un sur les perspectives stratégiques offertes par l’année 2010 et l’autre sur la société militaire aujourd’hui. Des points de vue variés et des repères d’actualité vous sont ensuite fournis, sous forme d’opinions et de revues de travaux effectués dans de multiples enceintes où se pensent les questions de sécurité et de défense du pays. C’est, en effet, autour de trois cahiers, le premier thématique, le deuxième de débats et de jalons, et le dernier de chroniques et de recensions que s’organise notre publication désormais. Nous essaierons de nous tenir à cette ligne éditoriale simple.
La vocation de la RDN est de susciter le débat et l’éclairage sur les questions de sécurité et de défense comme le rappelle la quatrième de couverture. Aussi au moment où le débat identitaire s’anime en France et où l’Union européenne se consolide sur la plateforme de Lisbonne, je vous propose, en préambule de ce numéro, d’essayer de mieux cerner, dans l’esprit des Livres blancs de 1994 et 2008, ce que sont les intérêts stratégiques français. J’en fournis ma propre vision et vous demande la vôtre. Cette thématique restera active jusqu’à l’été dans une rubrique que je vous invite à animer (contact@defnat.com).
Mais il est un thème particulier qui sous-tend ce numéro sur lequel j’aimerais appeler l’attention, c’est celui de la rigueur du débat sur les questions de sécurité et de défense. De multiples auteurs n’ont cessé de mettre en garde sur la confusion qui guette lorsque l’on fait exagérément sortir le vocabulaire stratégique de son cadre de référence. Ainsi le sens commun s’est-il beaucoup perdu des mots simples comme « menace », qui implique nécessairement une volonté antagoniste démontrée ; comme « risque », qui reste associé à des vulnérabilités génériques identifiées ou « danger », qui suppose une exposition de fragilités connues à des tensions extérieures. Aussi assiste-t-on souvent à l’enflure d’un discours alarmiste et à l’extension inflationniste du domaine de la sécurité qui en vient à couvrir sans distinction tous les aléas. L’exigence de gain et la sûreté réclamée de toutes les entreprises humaines ont fait qualifier de menaces les compétitions incertaines qu’elles déclenchent et les réactions antagonistes qu’elles suscitent. La sûreté qui se confond avec l’assurance tous risques, et la sécurité avec la démarche contraléatoire ont remplacé la classique pesée des risques qui règle la stratégie. L’incertitude dans laquelle nous vivons aujourd’hui et le brouillard stratégique qui règne depuis la fin de la guerre froide ne doivent pas être confondus avec l’insécurité. Il faut repenser la manœuvre comme le suggère Christian Malis (cf. recensions), revenir aux fondamentaux comme nous y invite l’amiral Lacoste.
Bonne lecture et bonne année.