En analysant finement les sondages disponibles, cette réflexion tente d’évaluer le degré d’acceptation des opérations extérieures par une opinion publique naturellement plus sensible à sa sécurité immédiate qu’aux engagements lointains. La capacité d’action extérieure, signe de la détermination d’un pays, passe par la légitimité de l’usage de la force.
Opinion publique et opérations extérieures
Public opinion and external operations
Through a detailed analysis of existing polls, this discussion attempts to evaluate the degree of acceptance of external operations by a public that is naturally more sensitive to pressing questions concerning its own security than to operations far away. The capability to mount operations abroad is a sign of national determination, and implies the legitimacy of the use of force.
L’envoi de troupes en opérations extérieures, quelle que soit leur nature – humanitaire, maintien ou rétablissement de la paix – s’est considérablement intensifié depuis la fin de la guerre froide. Ces dernières années, la France a déployé jusqu’à 13 000 militaires par an à l’extérieur des frontières, concourant ainsi à plus d’une dizaine d’opérations. Fin novembre 2009, 10 000 soldats étaient engagés hors du territoire national (1), ce qui fait de la France le plus gros contributeur européen avec le Royaume-Uni (2). Si le Livre blanc de 1994 est couramment qualifié de Livre blanc de la projection, celui de 2008 a maintenu la priorité des « interventions à l’extérieur » au nom de la défense des « intérêts de sécurité » et des « responsabilités » de la France, qui se donne comme objectif de contribuer à la stabilité et à la paix dans le monde (3).
Le soutien de la population aux missions de projection des forces mérite l’attention, autant du fait de l’ampleur que le phénomène a pris, avec ses conséquences humaines et financières (4), mais aussi parce que ce soutien participe au moral des soldats en opérations.
Les opérations extérieures ne constituent qu’une des missions confiées aux forces armées. Leur légitimité dépend des attentes des Français envers leurs armées, toutes missions confondues. Pour la cerner, on dispose des résultats d’un baromètre annuel (5).
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