La politique étrangère du président Obama est d’ores et déjà différente de celle de son prédécesseur. Vue d’Europe, quatre grands chapitres ont été ouverts : remiser le choc des civilisations, afghaniser la « guerre nécessaire », faire le pari de l’ouverture avec la Russie et réactualiser la question des alliances stratégiques. 2010 permettra de se faire une meilleure idée des réelles possibilités que le nouveau résident de la Maison-Blanche a de modifier les équilibres internationaux.
Quelques priorités américaines en 2010
Some American priorities in 2010
President Obama’s foreign policy is already very different to his predecessor’s. Seen from Europe, four major thrusts can be identified: bury the contentious issue of the ‘clash of civilisations’; hand over the ‘war of necessity’ in Afghanistan to the locals; accept the implied risks of cooperation with Russia; and reconsider the question of strategic alliances. 2010 will show whether the new president has any real prospect of modifying the international scene. What is certain is that the efforts already made can only serve to encourage those who are happy to note a revitalised image of the United States in the world, and thus aid the thrust of the international community towards better world governance.
En 2009, le président Barack Obama a peut-être réussi déjà ce qui était le plus urgent et important pour les États-Unis, à l’issue des deux mandats précédents de George Bush : restaurer et redonner une image positive de la première puissance mondiale. La fulgurante carrière politique, l’efficace campagne électorale et une première année prometteuse du premier mandat présidentiel de Barack Obama ont permis d’arriver à ce résultat sans précédent dans la plupart des continents. Toutes les enquêtes d’opinion le démontrent aisément, notamment celle effectuée chaque année par le German Marshall Fund of the United States : l’effet Obama en 2009 est bien réel, largement positif auprès de toutes les opinions publiques observées, même s’il est beaucoup plus marqué en Europe qu’aux États-Unis. Cette restauration populaire, mondiale, est un fait remarquable, qui peut également à terme se retourner contre le Président américain, déjà surprenant récipiendaire du Prix Nobel de la paix. Il n’empêche que cette situation est extrêmement favorable pour la mise en œuvre d’une nouvelle politique étrangère basée sur des principes d’action à l’échelle internationale, qui sont largement partagés en Europe.
Qu’il s’agisse de respecter la règle de droit, de recourir au multilatéralisme, de redonner du crédit aux organisations multilatérales, d’être plus systématiquement à l’écoute des autres États, la nouvelle politique étrangère américaine se met en place et a déjà eu un impact en 2009 sur tous les pays, y compris ceux bannis jusqu’alors par cette même Administration américaine. Avec la force des nombreux discours du président Obama, amplifiés par la mise en œuvre d’une diplomatie plus nuancée, le contexte international se modifie et de nombreuses situations pourraient trouver des points d’équilibre nouveaux.
Certes, tous les effets de cette attitude constructive et « inclusive » sont encore difficilement et complètement mesurables. D’autant qu’il serait naïf d’oublier que le Président américain est à la tête d’une puissance extrêmement lourde à manœuvrer rapidement et qu’en tout état de cause la défense des intérêts américains sera son ultime objectif, poussée en cela par un système politique facilement apte à le lui rappeler constamment (et notamment avec les élections de mid-term le 2 novembre prochain).
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