La stratégie péninsulaire en Corée
Pour mieux comprendre l’évolution stratégique des récentes opérations militaires en Corée il nous paraît utile de faire une rapide analyse des caractères généraux de la stratégie péninsulaire et des applications qui en furent déjà faites en Corée même.
Dans le partage, de plus en plus accentué, de notre univers, entre puissance terrestre eurasiatique et puissance maritime mondiale, toutes les péninsules, issues du Heartland (1) des géopoliticiens, sont des pointes avancées poussées par la première dans le domaine de la seconde et par suite constituent autant de « points névralgiques », parce que les influences de l’une et de l’autre s’y heurtent automatiquement. Il y a là un déterminisme géographique qui se retrouve, à des degrés divers, dans toutes les presqu’îles et qui, selon le caractère de l’isolationnisme pédonculaire de chacune d’elles, se rapproche plus ou moins du déterminisme insulaire (2).
De ce point de vue les presqu’îles peuvent se classer en grandes catégories, selon le dessin de leurs côtes d’une part, et compte tenu de la nature topographique de l’isthme qui les relie au continent, d’autre part. Ces fractions de l’écorce terrestre, restées émergées entre deux affaissements envahis par la mer sont presque toujours des arêtes montagneuses dont le rattachement au continent est assuré, soit par le prolongement de la chaîne de montagnes (Italie, Grèce, Anatolie, Malacca, Corée, Kamtchatka, Californie) ; soit par un plissement plus ou moins transversal (cas des Pyrénées pour la péninsule ibérique et, plus loin en arrière du Caucase pour les péninsules turco-arabiques et de l’Himalaya pour l’Inde) ; soit enfin, par une dépression souvent coupée de lacs ou de marais (Scandinavie, Danemark, Cotentin, Crimée, presqu’île d’Alaska, Floride).
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