Transposition de l’art de la guerre dans l’univers des banlieues, cette approche stimulante est un exercice de style qui vaut mise en garde. Les ingrédients de la violence guerrière sont aujourd’hui présents dans nos cités, sur nos territoires. Peut-on les ignorer ?
L'art de la guerre chez les moins de quinze ans
The art of war and the under-15s
Transposing the art of war into the inner-city universe, this stimulating approach is a stylistic exercise that serves as a warning. The ingredients of warlike violence are present today in our inner cities, on our soil. Can we ignore them?
Ils n’ont pas lu les œuvres complètes de Clausewitz. Ils ignorent tout d’Alexandre Le Grand. Ils se moquent bien des expéditions lointaines de Philippe de Macédoine, possèdent peut-être une vague idée sur Bonaparte, sur Gudérian… et pourtant, malgré ce bagage militaro-culturel rudimentaire notre « génération-banlieue » sait faire des ravages en ville en organisant le Blitz sur l’ensemble du territoire. Au passage ils peuvent monter des guets-apens d’une redoutable efficacité, pratiquer le harcèlement nocturne sans état d’âme, partir à l’assaut de l’environnement social avec une détermination farouche. C’est un vrai soleil d’Austerlitz qui se lève chaque matin pour ces poignées de Chouans et de Camisards improvisés !
Sans avoir accompli leurs classes à Saint-Cyr ou à West Point, un noyau dur d’adolescents de la périphérie maîtrise parfaitement les mille et une manières d’affaiblir leurs adversaires, sait profiter des défaillances morales des autorités, jouer avec subtilité sur les confusions ou les contradictions juridiques et bafouer les idéaux en vigueur avec une désinvolture royale. Ils sortent triomphants et radieux de chaque affrontement… Ils le savent et tirent profit de leur invincibilité en continuant le sabotage de la machine administrative, policière ou éducative.
Pas de « chef » reconnu à l’horizon ! Pas d’état-major repérable ! Pas de littérature spéciale sur leurs exploits et leurs destructions. Peu d’uniformes : quelques jeans volés, des borborygmes en guise de langage et des armes bricolées (couteaux, bouteilles d’essence, bâtons). Mais quelle intrépidité ! Ils peuvent même se permettre de faire les poches d’un ministre qui leur parle !
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