Depuis 1990, l’OSCE dispose d’une présidence tournante. En 2010, pour la première fois, c’est un État issu de l’ex-Union soviétique, le Kazakhstan, qui s’est vu attribué cette présidence. Celle-ci peut-elle insuffler un élan nouveau à une organisation dont la dynamique semble enrayée ?
L'OSCE à l'heure du Kazakhstan
The OSCE—Kazakhstan’s turn
Since 1990, the Organisation for Security and Cooperation in Europe (OSCE) is presided over on an annual basis. In 2010, for the first time, it is an ex-Soviet Union nation, Kazakhstan, which has been appointed to this presidency. How should this outcome be interpreted, and is this presidency likely to bring innovation or breathe new life into an organisation that seems to have lost the drive it showed in the 1990s?
Depuis le 1er janvier 2010 et succédant à la Grèce, le Kazakhstan assure la présidence annuelle de l’OSCE. Il s’agit d’une première pour une ancienne république de l’URSS, pays d’Asie centrale et majoritairement musulman. Astana, pour obtenir cette présidence, a commencé à faire campagne dès 2004 et a dû vaincre, principalement, les réticences des Américains et des Britanniques qui souhaitaient reporter cette présidence à 2012, ou plus tard. Cette candidature était dès le départ soutenue par tous les membres de la Communauté des États indépendants (CEI) et particulièrement par Moscou. Appuyée ensuite notamment par l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie et les Pays-Bas, et après un report de décision en 2006 à Bruxelles, son succès a été acquis à Madrid en décembre 2007.
Une image contrastée
A priori la présidence kazakhe n’a pas un impact favorable sur l’OSCE, principalement du côté des ONG qui s’interrogent sur le respect par ce pays des valeurs de l’OSCE. En 2002, le siège du principal journal d’opposition avait été détruit par un incendie ; les dernières élections législatives au Kazakhstan (2007) ne se sont pas déroulées en totale transparence (depuis son indépendance, l’OSCE n’a jamais reconnu d’élections libres et justes au Kazakhstan) et ont vu le parti présidentiel remporter tous les sièges. Il faut également se souvenir qu’en 2003, le Kazakhstan avait mis officiellement l’OSCE en cause sur le thème des critiques partiales émises par les missions de terrain de l’organisation. Le président kazakh Nazerbaïev est un politique issu de l’URSS et le régime qu’il dirige est de nature autoritaire ; il est au pouvoir depuis l’indépendance (1991) et a su s’attirer les faveurs des Américains en acceptant d’abandonner l’arsenal nucléaire hérité de l’URSS sur les bases du Protocole de Lisbonne (signé le 23 mai 1992 entre les États-Unis et les quatre puissances nucléaires issues de l’URSS et qui fait de la Russie la seule héritière dans le cadre du Traité Start) ; il a également réussi à préserver son pays de tout conflit ethnique. Le gouvernement kazakh s’est engagé à faire progresser la démocratie, sans toutefois donner de détails (conférence de presse du ministre des Affaires étrangères kazakh à Vienne, le 14 janvier 2010) après avoir superficiellement modifié les lois électorales et prétendu accorder plus de libertés aux partis politiques et aux médias.
La situation géographique et stratégique du Kazakhstan est singulière et délicate. Ce pays est au contact des trois grandes puissances asiatiques (Chine, Inde et Russie) et de trois États problématiques pour la communauté internationale (Afghanistan, Iran et Pakistan). Complètement enclavé, le pays est tenu d’entretenir de bonnes relations avec tous ses voisins.
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