L’un des aspects hélas les moins étonnants des réactions occidentales à l’annonce de la mort de Brejnev et de son remplacement par Andropov a été la nuée de propos élogieux et d’espoirs affichés qui ont accompagné la nomination du nouveau Secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS). C’était un grand connaisseur de l’Occident, un homme ouvert, peut-être un « despote éclairé ». Bref, une nouvelle fois l’incantation est venue remplacer un examen froid des réalités et tenter de masquer nos propres faiblesses. À y regarder de près en effet, nous n’avons ni à craindre ni à nous réjouir excessivement.
L'après Brejnev : aspects stratégiques et diplomatiques
L’un des aspects hélas les moins étonnants des réactions occidentales à l’annonce de la mort de M. Brejnev et de son remplacement par M. Andropov a été la nuée de propos élogieux et d’espoirs affichés qui ont accompagné la nomination du nouveau secrétaire général du parti communiste de l’Union Soviétique. C’était un grand connaisseur de l’Occident, un homme ouvert, peut-être un « despote éclairé ». Bref, une nouvelle fois l’incantation est venue remplacer un examen froid des réalités et tenter de masquer nos propres faiblesses. À y regarder de près en effet, nous n’avons ni à craindre ni à nous réjouir excessivement.
Le système soviétique est en effet tel que la personnalisation du pouvoir est devenue aujourd’hui davantage une symbolique qu’une réalité. L’oligarchie soviétique fonctionne sur un minimum de consensus entre ses membres d’après lequel sont éliminés, au moment du changement de la personnalité à la tête du groupe, les éléments exogènes à la pensée dominante, bien entendu représentée par un homme exprimant toutefois les aspirations du groupe dirigeant. Ceci n’empêche pas la lutte entre ceux qui prétendent incarner le mieux la réalité. Si la hiérarchie se modifie entre les groupes composant la « nomenklatura », celle-ci ne disparaîtra pas pour autant. Il est vrai qu’avec les dossiers qu’il connaît et sa volonté de lutte contre la corruption, le nouveau secrétaire général du PCUS peut espérer assurer davantage sa fonction dirigeante.
Dans un tel système, la part des variations tolérées en politique étrangère concerne moins les objectifs stratégiques qui restent toujours les mêmes, que la liberté laissée dans la rapidité à exploiter les opportunités et le jeu tactique. Le plus clair indice de cette permanence, certains diraient pesanteur permanente des objectifs de la politique soviétique, s’incarne d’ailleurs dans ce noyau obligatoire dans toutes les combinaisons du pouvoir : l’armée, la diplomatie et la police. C’est ce qui donne à la politique extérieure de l’URSS, depuis la chute de Khrouchtchev, sa remarquable continuité et aussi sa redoutable efficacité.
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