Présentation
Le Comité d’études de défense nationale auquel s’associe depuis quatre ans la Fondation pour les études de défense nationale (FEDN) s’est intéressé à plusieurs reprises aux problèmes de l’Union soviétique. La revue Défense Nationale, organe d’expression du Comité, a publié — indépendamment d’articles isolés sur ces sujets — les résultats de différentes études d’ensemble. Fin 1979 a paru le compte rendu d’une réunion tenue en mai de la même année sur la « déstabilisation en Asie ». Le numéro de novembre 1981 est, dans sa presque totalité, consacré à la journée d’études du 11 juin précédent et à la reconstitution des débats sur le thème : « La puissance de l’URSS est-elle sans faille ? ».
On se souvient du propos de Churchill rappelé il y a deux ans au cours de la réunion qui vient d’être évoquée. Selon lui, le monde soviétique est une énigme doublée d’un mystère et entourée de secret. Nul ne saurait donc s’étonner que les réflexions menées jusqu’ici par notre comité n’aient pu épuiser les nombreuses questions que pose un pays aussi difficile à percer et c’est ainsi qu’une nouvelle journée d’études a été consacrée à l’URSS sur le thème général : « L’Union soviétique et le Tiers-Monde ».
L’espace géographique concerné est considérable et la définition précise de ce qu’est le Tiers-Monde n’est pas toujours facile à donner. Des populations aux ressources économiques médiocres, voire inférieures aux besoins élémentaires, simultanément des collectivités ethniques riches ou incertaines, selon les lieux, de leur identité culturelle, offrent un champ d’action privilégié aux violences de la misère intérieure ou de l’agressivité extérieure traditionnelle. Dans les problèmes de ce que l’on convient d’appeler le Sud, dans ceux qui existent entre ce Sud et les pays industrialisés couverts par le terme général de Nord, l’Ouest et l’Est, directement ou par alliés interposés, apparaissent comme des recours souhaités ou subis, dans la recherche d’un équilibre.
Dans ce contexte, l’Est est ici, bien évidemment, l’Union soviétique. Mais l’engagement de l’URSS dans le Tiers-Monde, qui est l’objet de nos préoccupations, ne se traduit pas simplement en termes d’opposition avec l’Occident. Il est dominé par le projet global qui est au plus profond du mythe soviétique : l’installation dans le monde d’un système politique dit « socialiste », à vocation universelle. Les moyens les plus divers, économiques, culturels, militaires, sont ainsi mis en œuvre de façon très inégale et trouvent une application nuancée suivant les régions du monde où ils sont appliqués. Des formes d’action, ou de réaction, très différenciées, s’offrent alors à leur tour aux décisions de l’Occident.
Telles sont les remarques qui ont inspiré les schémas de la journée d’études du 23 juin et qui se retrouvent dans le compte rendu de celle-ci. La présentation d’ensemble du projet soviétique et l’analyse globale des moyens mis en œuvre précèdent l’examen des formes prises par l’intervention soviétique sur certains théâtres, que cette intervention soit directe ou indirecte. L’analyse de modes d’action possibles pour l’Occident est la conclusion naturelle de ces réflexions.
Un certain nombre d’experts de qualité ont bien voulu animer nos débats, à la fois par leurs exposés et par leurs réponses ou commentaires aux interventions des participants. Mme Annie Kriegel s’est chargée de présenter le projet soviétique, notre collaborateur Claude Monier traitant ensuite des moyens. L’étude géographique a été limitée à quelques régions significatives et certains des exposés figurent ci-après : les problèmes d’une partie de l’Afrique reviennent à M. l’ambassadeur Jean-Pierre Campredon, ceux du Proche-Orient à M. Philippe Rondot. M. Paul-Marie de la Gorce a bien voulu accepter de présenter, in fine, des conclusions inspirées à la fois par son expérience personnelle et par les exposés ou débats auxquels il a assisté.
Les articles qui suivent reproduisent l’essentiel des exposés et des débats. Nous espérons mettre ainsi à la disposition de nos lecteurs toute la richesse d’une journée d’études qui, pour ses participants, a été passionnante. ♦