Politique et diplomatie - Réflexions sur une crise en cours
L’évolution de la situation au Liban, les événements tragiques qui l’ont marquée à la fin du mois d’octobre dans un contexte international qui va se dégradant, donnent l’occasion de réflexions sur le système international au sein duquel se produisent les crises, aujourd’hui, et dans lequel s’inscrivent les relations extérieures des États.
Une première constatation s’impose, dont toutefois les conséquences ne semblent pas toujours clairement perçues : le drame libanais est avant tout le produit de la société libanaise. Toute interprétation, toute recherche de solution qui prétendrait se fonder sur l’intervention de facteurs extérieurs au Liban et à la région seraient erronées et vouées à l’échec. Car la société libanaise n’est pas une société comme les autres ; ainsi que l’a très bien montré Georges Corm dans un ouvrage récent (1), le Liban, « pur microcosme de la société ottomane qui a recouvert dans ses institutions la société arabe durant quatre siècles », reste aujourd’hui une mosaïque de minorités confessionnelles et tribales, secouée par la violence intercommunautaire et par la révolte sociale qu’a favorisé l’intégration du pays dans l’orbite occidentale. L’invasion israélienne dans l’été 1982 d’un Liban « éclaté » a donné une impulsion nouvelle à la dérive vers le chaos. Très vite il s’est confirmé que les Israéliens n’étaient pas en mesure de contrôler la situation. L’intervention des quatre puissances occidentales (États-Unis, France, Italie et Grande-Bretagne) et la présence d’une force multinationale composée de contingents de ces quatre pays n’a pu jusqu’à ce jour venir à bout de cette tâche. Car le problème libanais n’est pas un problème de gouvernement, qu’il faudrait aider à consolider son autorité ; c’est un problème de société. Or on ne peut espérer transformer par une présence pacifique une société que si l’on entend rester sur place pour une durée indéterminée, ce qui en l’occurrence est exclu. Qui plus est, ce que quatre siècles de domination ottomane et deux décennies de présence française n’ont pu faire, ce n’est évidemment pas la force multinationale qui pourra l’accomplir.
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