À travers les livres - Science, technique et développement industriel
L’industrie reste au cœur de la confrontation technologique et commerciale mondiale d’aujourd’hui. Les liens sont étroits entre la recherche scientifique, l’innovation technologique et le développement industriel. Ce thème a donné récemment lieu à divers ouvrages. Pierre Papon, directeur général du CNRS dresse un panorama d’ensemble du progrès scientifique et technique, de sa place dans la stratégie économique et de son insertion dans la société (1).
Il commence par confronter avec la réalité quelques exemples célèbres de prévision technologique et passe en revue les différents facteurs qui sont à la base de la découverte scientifique et de l’innovation. C’est un utile parcours à travers l’histoire des sciences et de quelques-unes de ses théories dominantes. Nouer des liens étroits entre recherche et application industrielle a été très tôt dirimant pour permettre une exploitation poussée des découvertes : ainsi en fut-il en 1856 de la mise au point des premiers colorants synthétiques qui a permis d’édifier par la suite toute une industrie nouvelle. Les méthodes de prévision technologique se sont peu à peu perfectionnées. On peut faire appel aux extrapolations de tendance, aux approches intuitives (scénarios, méthode Delphi…), à l’analyse morphologique ou à des techniques plus normatives du type « arbre de décision » ou « de pertinence ». Mais la prévision pure demeure aléatoire et insuffisante. La société s’intéresse de plus en plus aux effets que produiront les nouvelles techniques. Cette « évaluation » de la technologie prend une place grandissante et conduit à la création d’organismes indépendants.
En France, le système des grandes écoles n’a pas favorisé une politique de formation des cadres scientifiques. La recherche y a vécu trop longtemps sous l’empire du cloisonnement et de la personnalisation. Même la création d’organismes centralisateurs comme le CNRS n’a pas eu tout l’effet positif escompté, car organisé autour de la notion de discipline scientifique constituée, il n’a pas permis l’émergence de nouveaux domaines. Un certain nombre de développements scientifiques sont à venir dans les prochaines années. Pierre Papon les passe en revue. La physique a été un peu la discipline « dominante », elle a accompli un effort important de clarification dans l’univers des particules. L’utilisation d’instruments nouveaux, aux possibilités multipliées (grands accélérateurs de particules, télescope spatial) devrait permettre d’effectuer de véritables percées nouvelles. En particulier c’est toute notre conception de l’univers qui risque d’être modifiée (l’expansion de l’univers est-elle réversible ou irréversible ?). La chimie des macromolécules a ouvert la voie à la création de matériaux nouveaux, la progression de nos connaissances des mécanismes biologiques, en permettant d’extraire certaines macromolécules des végétaux, court-circuitera bientôt bien des synthèses difficiles et coûteuses. La biologie moléculaire est à la veille d’une mutation fondamentale permettant une exploitation industrielle systématique.
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