L'auteur a écrit dans notre numéro de décembre 1983 un article sur les résultats de la réunion de Madrid sur la suite de la CSCE (Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe). Il analyse aujourd'hui les raisons qui ont poussé les États-Unis à quitter l'UNESCO, raisons qui ont été reprises dans des déclarations récentes, de M. Gregory Newell secrétaire d'État adjoint, lors d'une conférence de presse donnée le 2 mars 1984 à Caracas, et de l'ambassadeur Mme Jean Gérard devant un « panel » du Congrès le 8 mars 1984 à Washington. L'auteur, dans la seconde partie de son article, fait état des réponses de l’UNESCO aux attaques américaines et cherche à dégager les enjeux réels de cette crise.
Les États-Unis et l'UNESCO : analyse d'une crise
Depuis une dizaine d’années, l’UNESCO connaît une véritable crise de confiance qui met en cause, au sein du monde occidental, l’orientation générale de ses débats, de ses programmes et de sa gestion. Provoquée à l’origine par des mesures d’ostracisme prises (en 1974) à rencontre d’Israël, la crise s’est depuis polarisée essentiellement sur la question du nouvel ordre mondial de l’information et de la communication (NOMIC) (1). La situation a atteint, une nouvelle fois, un point critique avec le préavis de retrait notifié par les États-Unis le 28 décembre 1983. Cette affaire constitue un dossier complexe qui en raison des multiples enjeux d’ordre politique, économique et — surtout — idéologique du NOMIC fait souvent l’objet de commentaires fragmentaires, ambigus ou passionnels. Elle mérite par conséquent autant clarification que réflexion. Une présentation tant soit peu sereine du débat exige, à tout le moins, l’examen respectif du réquisitoire américain et du plaidoyer de l’UNESCO.
Le réquisitoire américain
La décision de rupture américaine fait grief à l’UNESCO de trois péchés capitaux qui prennent un plein sens à l’éclairage des objectifs généraux de l’administration Reagan vis-à-vis des organisations internationales.
Les objectifs de la diplomatie multilatérale américaine
D’entrée de jeu, la nouvelle administration abordait son mandat avec un certain nombre d’idées assez générales en matière de politique étrangère. Touchant les institutions internationales cinq lignes directrices furent formulées, sous l’autorité de Gregory J. Newell (2).
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