Les Journées nationales « Science et Défense » des 26 et 27 avril 1983 ont consacré un dossier à la défense biologique et chimique. La revue va présenter dans quelques numéros successifs divers aspects de la menace chimique, tels qu'ils apparaissent dans ce dossier. L'actualité de ces problèmes est affirmée au fil des ans par des événements qui se déroulent en un point ou un autre du globe, et tout dernièrement par les informations reçues sur l'emploi de toxiques chimiques dans le conflit irako-iranien. Consacrée essentiellement aux aspects scientifiques et techniques de cette menace, cette suite d'articles se conclura cependant par un aperçu des aspects historiques, politiques et diplomatiques de la guerre chimique, après avoir examiné dans un premier article les toxiques chimiques en eux-mêmes et dans un second les moyens de défense qui peuvent leur être opposés.
Science et défense - La défense chimique (I) Les toxiques chimiques
Les toxiques chimiques, les gaz selon l’appellation traditionnelle depuis la première opération chimique d’Ypres en 1915 mettant en œuvre du chlore, sont en fait tous les composés chimiques dispersants sous forme de gaz ou vapeurs, de gouttes liquides ou d’aérosols, liquides ou solides, pour entraîner la mort ou une incapacité temporaire des sujets atteints.
Pour constituer un agent de guerre, un produit chimique doit, en plus de sa toxicité, répondre à des critères de possibilité de production et de dispersion en grande quantité, de stabilité, de difficulté de contre-mesures…
La nature de leurs effets permet de distinguer entre les agents neutralisants, les agents incapacitants et les agents létaux. L’importance, et parfois même la nature de ces effets, dépend du degré d’exposition aux agents de guerre chimique. Ce degré d’exposition est proportionnel à la concentration du contaminant dans l’air (noté C et mesuré en milligrammes par mètre cube) et au temps d’exposition (mesuré en minutes). La loi de Haber suppose la constance des effets pour un même produit Cxt, et néglige les mécanismes de détoxication naturelle de l’organisme. Dans ces conditions, la toxicité par inhalation s’exprime en termes de Ct50, exposition produisant un effet déterminé sur 50 % des sujets (Ctlétal ou Ctincapacitant). L’effet peut aussi être rapporté, non plus au niveau d’exposition, mais à la quantité d’agent chimique effectivement reçue pour une certaine proportion d’individus, la dose létale pour 50 % de la population considérée — DL 50 — ou la dose incapacitante DI 50.
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