Au moment où l'informatique est à la mode − peut-être excessivement, au point que l'on a pu parler de la naissance d'un « infomythe » −, les journaux nous ont appris le lancement du programme ESPRIT (European Strategic Programm for Research in Information Technology) par la Commission de la Communauté européenne. De quoi s'agit-il et que peut-on en attendre ?
ESPRIT et la vulnérabilité technologique de la communauté européenne
ESPRIT se décrypte comme « European Strategic Programme for Research in Information Technology ». Cet enfant de la Commission des communautés européennes a été reconnu viable par le Conseil des ministres de la recherche et de l’industrie, tenu sous présidence française le 28 février 1984, qui l’a doté d’un budget de 750 millions d’ECUS pour la période quinquennale 1984-1988.
Quelques mots d’historique
La Communauté européenne a été fondée sur le concept hérité du passé et justifié à l’époque où le traité de Rome s’élaborait. L’idée de base était la recherche d’une unité économique assise sur les activités maîtresses de l’agriculture, du charbon et de l’acier. La Commission qui est l’organe exécutif de la Communauté eut, au fil des années, le plus grand mal à faire adopter une révision fondamentale de ce moule initial dans lequel les structures budgétaires s’étaient fixées. Il eut fallu immédiatement reconnaître que l’avenir n’est plus lié essentiellement à la matière et à l’énergie ; il se prépare par la recherche-développement ; il s’accomplit par la promotion des systèmes de communications, d’échanges, de traitements et de mémorisation de l’information et de la connaissance.
EURATOM avait été une tentative dans le sens d’une promotion des techniques de pointe mais son échec avait marqué les esprits. Lorsqu’en 1972 l’importance d’une coopération des efforts en sciences et techniques fut enfin officiellement affirmée, la Commission reçut très peu de moyens pour mettre en œuvre cette nouvelle orientation politique. Encore aujourd’hui, la Communauté européenne reste marquée par ce passé. Elle absorbe la plus grande partie de ses forces vives financières à un soutien artificiel d’exploitations agricoles non compétitives ; elle continue d’être embarrassée par le repli d’activités devenues secondaires comme la sidérurgie ou les mines de charbon, nids à chagrin redoutables par leurs conséquences sociales dans plusieurs régions critiques et par leurs besoins d’argent.
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