Politique et diplomatie - L'Europe des Douze ou la Communauté III
Le 1er janvier 1986, l’Espagne et le Portugal deviendront les onzième et douzième États-membres de la Communauté européenne. Leur candidature date de 1977. Sept ans de négociations ont été nécessaires pour concrétiser des adhésions, qui, pourtant, étaient inscrites dans le mouvement des choses. La Communauté s’était engagée à accueillir l’Espagne et le Portugal dès que ces pays redeviendraient des démocraties. Le premier a satisfait à cette condition en 1976, le second en 1974. En outre, depuis plusieurs années, les économies des deux nations ibériques se sont trouvées intégrées au Marché commun aussi étroitement que celles des États-membres : tout comme l’Allemagne fédérale, la France ou l’Italie, l’Espagne et le Portugal dirigent environ la moitié de leurs exportations vers la CEE (en 1983, 48,3 % pour l’Espagne, 58,9 % pour le Portugal et seulement 43,6 % pour la Grande-Bretagne).
Peuplée de 320 millions d’habitants, rassemblant la plupart des nations qui ont fait la grandeur de l’Europe, constituant de loin le premier pôle commercial du monde, l’Europe des Douze apparaîtra comme une puissance considérable. L’accueil des deux États ibériques achève le cycle des élargissements. Désormais la Communauté doit pouvoir se consacrer à son édification.
L’Europe communautaire a été conçue dans les années 1950 et 1960. L’homogénéité des économies des Six, l’interaction dynamique entre commerce et croissance faisaient de cette union un modèle envié, bénéficiant, en outre, de la protection considérée comme permanente du bouclier américain. À partir de 1986, l’Europe à Douze sera hétérogène, inégale, complexe, carrefour des civilisations latine, germanique et anglo-saxonne. Au moment même où le troisième élargissement va bouleverser à nouveau tous ses équilibres culturels, industriels, régionaux, diplomatiques, la Communauté n’est plus celle de l’expansion, dégageant spontanément un surplus à redistribuer entre partenaires européens ; au contraire, elle prend peu à peu conscience d’une convergence de défis, concernant sa capacité technologique, sa sécurité, sa démographie et enfin son identité même. Les nations, leurs réactions et leurs aspirations sont toujours là.
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