Le 11 novembre 1951, la statue du maréchal Foch sera solennellement inaugurée à Paris, place du Trocadéro. Il a paru intéressant de donner ici une synthèse de son œuvre.
Les pages qui suivent sont dues à un soldat de la campagne pour la libération de la France, observateur en piper cub, qui mourut glorieusement au seuil même de la victoire. Économiste distingué, Étienne Mantoux avait écrit, en anglais, une réfutation, devenue célèbre, des thèmes de Keynes sur les conséquences économiques de la paix. Esprit d'une vaste culture, il s'intéressait aussi aux problèmes stratégiques. Cette étude avait été rédigée par lui pour figurer dans un ouvrage publié sous la direction d'Edward Mead Earle, président de l'Institute for Advanced Study (Princeton E. U.) sous le titre : Les Artisans de la stratégie moderne : la science militaire de Machiavel à Hitler.
Si, après Sadowa, certains officiers Français avaient pu concevoir des doutes sur la valeur de leur préparation à la guerre, les désastres de 1870 furent pour tous une très dure leçon. Il était clair que la France avait perdu cette primauté dans la science militaire qui, jusqu’alors, lui avait appartenu.
Parmi les causes du désastre de 1870, une des plus importantes avait été l’insuffisance du haut commandement. En face des généraux prussiens, animés d’une même doctrine et assistés d’états-majors instruits, les chefs français avaient montré une ignorance et un manque d’initiative auxquels ne pouvait suppléer la bravoure de leurs troupes. Il parut évident que la France ne pourrait redevenir une grande puissance militaire qu’en assurant tout d’abord le recrutement des états-majors et l’instruction des cadres de son armée sur des bases plus solides que celles qui jusqu’alors avaient été admises. En 1874, l’État-major général de l’Armée est réorganisé sur le modèle de l’État-major prussien. L’École militaire supérieure est créée en 1878 et devient, après 1880, sous le nom d’École supérieure de Guerre, le centre intellectuel de l’Armée et la pépinière du Haut Commandement.
La renaissance de la pensée militaire française qui eut lieu entre la guerre de 1870 et la première guerre mondiale ne se borna pas à une modernisation de l’héritage traditionnel. Des influences nouvelles, d’une extrême importance, s’y firent sentir. Les Études sur le Combat, d’Ardent du Picq, publiées en 1880, ouvrirent des perspectives nouvelles. Les écrivains militaires français essayèrent de trouver dans l’étude de la doctrine militaire allemande l’explication des erreurs de 1870 et l’œuvre de Clausewitz exerça une influence puissante sur la pensée militaire française.