Lors de son allocution devant les auditeurs de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), l'auteur, Chef d'état-major de la Marine, a évoqué les grands traits d'une prospective de stratégie navale pour la France, en insistant sur un principe fondamental : la cohérence entre le rôle que le gouvernement veut donner à la Marine dans sa politique et les moyens, donc les ressources financières, qui lui sont consacrés. Il reprend et développe ce thème dans l'article qui suit.
Réflexions pour une stratégie navale d'avenir
« Qui dit marine dit suite, temps, volonté. De toutes choses, celle qui se passe le moins d’une forte volonté de la part du gouvernement, d’une grande suite dans la décision, c’est la marine ».
Thiers
Pour naviguer en sûreté les marins doivent voir loin. Pour construire une marine, également. Le cycle de conception, de construction et d’emploi de nos bâtiments dure en effet une cinquantaine d’années, et notre personnel, en majorité professionnel, doit être formé, très à l’avance, aux techniques du futur. Mon premier embarquement était un bâtiment qui avait été lancé en 1928 ; je travaille à la conception d’un sous-marin nucléaire de nouvelle génération qui sera encore en service au-delà des années 2020. Ainsi les matériels auxquels s’intéresse un marin tout au long de sa carrière s’étendent sur près d’un siècle. La marine a besoin non seulement de long terme, mais de très long terme.
Avant d’aborder l’aspect naval de cette réflexion prospective, il faut la situer, par souci de cohérence, dans un cadre plus général. Laissons-nous donc guider par l’amiral Castex, qui avait si bien perçu l’importance de la coordination des différentes stratégies et de leur subordination à une stratégie générale. « La stratégie générale, écrit-il, est l’art de conduire dès le temps de paix toutes les forces d’une nation… Elle dépasse, domine, coordonne et discipline toutes les stratégies particulières ».
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