À propos de l'ouvrage de Lucien Poirier : Les voix de la stratégie publié aux Éditions Fayard (1985, 490 pages).
À travers les livres - Le chantier stratégique
Faisons d’emblée un sort à la difficulté. « On trouve quelquefois que ses ouvrages ne sont pas d’une lecture bien aisée. Mais je ne cesse de répondre qu’il faut bénir les auteurs difficiles de notre temps… Ils ne craignent pas le lecteur, ils ne mesurent ni leur peine, ni la sienne ». Paul Valéry nous met à l’aise, et pour lire Lucien Poirier, et pour parler de son livre. Si l’auteur ne ménage pas son lecteur, c’est façon de lui témoigner du respect. À nous de nous montrer dignes d’une pensée riche et rigoureuse dont ce dernier ouvrage est une nouvelle et brillante illustration.
Que faire ? dit Lénine. Éternelle question, qui agace les placides et justifie les trublions. « Comment fait-on pour faire ? » demande plus modestement Lucien Poirier, « comment agir pour que l’action soit conforme à sa visée ? ». Voici défini le statut du stratège : peu lui importe la visée, il suffit qu’elle existe pour qu’on travaille à la réaliser. Proposition pourtant moins innocente qu’elle ne le paraît ; postuler l’existence d’un projet politique ne va pas de soi. Mais le stratège tient à honneur de limiter ses vues et le projet n’est pas au centre du propos de Lucien Poirier. C’est « l’objet-stratégie » qu’il examine, seul dans une première partie, dialoguant dans les autres avec deux maîtres bien placés, Guibert (1743-1790) et Jomini (1779-1869).
La stratégothèque universelle
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