Après seize ans d'un pouvoir autoritaire qui a mis le Soudan dans une situation des plus critiques, le maréchal Nimeiri a été renversé et remplacé par un conseil militaire transitoire qui s'efforce de résoudre les problèmes les plus cruciaux : économie, troubles du Sud, fondamentalisme islamique, relations avec les États voisins. L'auteur fait ici une synthèse très complète des événements qui ont conduit à la situation actuelle.
Poussée islamique et changement de régime au Soudan
Depuis la proclamation de son indépendance, il y a près de trente ans, le Soudan aura connu quatre expériences politiques : tout d’abord, un parlementarisme imité de l’Occident et inefficace (janvier 1956-novembre 1958) ; la dictature militaire, de plus en plus lourde, du maréchal Ibrahim Abboud (jusqu’en novembre 1964) ; une série de gouvernements intérimaires à la recherche d’une nouvelle formule constitutionnelle (jusqu’en mai 1969) ; enfin, le régime autoritaire du colonel, bientôt général puis maréchal, Gaafar an Nimeïri, finalement inspiré par l’Islam fondamentaliste (jusqu’au 6 avril 1985).
Actuellement, le pays est régi par un conseil militaire transitoire, qui assure vouloir limiter sa durée à une année, et donner ensuite la parole au peuple.
Le président Nimeïri avait gouverné malaisément et durement ; il estimait avoir dû faire face à de nombreux complots, et il n’avait pas cru pouvoir user de clémence. Son mérite historique, qui demeure indéniable, est d’avoir su, au printemps 1972, mettre pacifiquement un terme à l’insurrection des populations animistes et chrétiennes du Sud. Mais, en butte à des difficultés constamment renouvelées, il avait cru trouver, dans les conseils de l’Islam intégriste, une méthode de gouvernement ; et les rigueurs qu’il a instaurées de la sorte se sont ajoutées aux effets d’une crise économique désastreuse. Cette fâcheuse évolution a fait rebondir, à partir de juillet 1983, les mouvements insurrectionnels du Sud, et accentué, à diverses reprises, les troubles chroniques de la capitale. La dictature nimeïriste s’est finalement écroulée.
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