Dans une première partie, l'auteur nous a présenté l'Asie du Sud-Est, région du monde déstabilisée par une sorte de guerre froide, feutrée. Ici, il fait un bilan des forces en présence, montre l'intérêt croissant de l'URSS pour cette région, explique la crise de l'ANZUS (Traité de sécurité entre l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis), enfin tente de décrire les conceptions stratégiques qui s'opposent et font du Pacifique une nouvelle zone d'affrontement.
Asie-Pacifique : la nouvelle bataille - (II) Les États-Unis confrontés à l'expansion de l'URSS
Les États-Unis ont été traditionnellement présents dans cette région et y possédèrent même une colonie, les Philippines. Mais ils pensèrent s’en retirer partiellement après l’échec du Vietnam, alors qu’au même moment l’URSS faisait son apparition. Washington revint alors sur sa décision, mais il était déjà trop tard car l’URSS avait largement progressé, profitant du discrédit frappant les États-Unis, alliés indécis et trop dépendants de leur opinion publique. Sous la présidence de Reagan, un vaste programme a été mis en place pour restaurer la suprématie américaine, mais l’URSS fait aussi un énorme effort pour développer sa présence.
Le triangle États-Unis–Japon–Corée
De l’élaboration de la doctrine Nixon, « l’Asie aux Asiatiques », en 1969 à la défaite du Vietnam en 1975, les États-Unis vont sans cesse reculer dans cette partie du monde d’où ils retireront 700 000 soldats. Le président Carter poursuit cette politique en réduisant le nombre des troupes en Corée du Sud et ne s’arrêtera qu’en juillet 1979, lorsque déjà 6 000 hommes seront partis, les États-Unis prenant alors conscience que, profitant de ce repli, l’URSS a progressé de manière continue et planifiée dans le monde entier et plus particulièrement en Asie, en aidant le Vietnam à envahir le Cambodge, en déployant des troupes dans les îles Kouriles et en effectuant des manœuvres navales au large du Japon ; elle accentuera encore sa progression en envahissant l’Afghanistan en décembre 1979.
Après l’élection du président Reagan, le changement est total en Asie du Nord-Est et dans le Pacifique. En janvier 1981, le président de la Corée du Sud, Chun Doo Hwan, est le premier chef d’État reçu par Reagan, et en avril est créé le conseil de sécurité États-Unis–Corée. Puis, à partir de février 1983, les Américains œuvrent au rapprochement Japon–Corée du Sud et, en novembre suivant, Reagan démontre de manière concrète l’intérêt qu’il porte à cette partie du monde en visitant ces deux pays. À cette occasion naît l’idée d’un « Japon, porte-avions incoulable » en cas d’attaque de l’URSS, et Reagan déclare à propos de la Corée qu’elle constitue un « axe pour la paix et la stabilité en Asie du Nord-Est », que le conseil de sécurité États-Unis–Corée est « essentiel à la sécurité des États-Unis ». Mais l’URSS rétorque aussitôt que ceux-ci veulent transformer la Corée et le Japon en bases avancées américaines antisoviétiques et une discrète guerre froide s’engage. Cette tension n’empêche pas que le rapprochement Corée–Japon soit déjà un succès et, depuis juin 1984, ces deux pays affirment la nécessité d’une coopération bilatérale pour les problèmes de sécurité. En septembre 1984, Chun Doo Hwan effectue une visite « historique » au Japon avec comme résultat la conclusion d’un accord pour la surveillance des détroits de Corée et Tsushima, le Japon se chargeant seul du détroit de la Pérouse entre l’île de Sakhaline et l’île nord d’Hokkaido.
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