Nous avons récemment évoqué la Suède au cours de notre débat sur la Scandinavie, et un officier, stagiaire en France, avait brièvement décrit les aspects essentiels que présentait la sécurité de son pays. Lors d'une communication faite devant l'Institut d'histoire des relations internationales contemporaines, l'auteur a traité de la prévision dans la politique étrangère suédoise et, partant, du concept de défense. Cet article s'inspire de cette communication et complète remarquablement le témoignage de l'officier suédois.
Prévision, politique étrangère et défense totale : le cas de la Suède
Lorsqu’il s’agit de prévision à long ou moyen terme, le concept de politique étrangère est toujours associé en Suède à celui de sécurité (utrikes och säkerhetspolitisk planering). En fait on peut dire que cette nation a une politique de sécurité plutôt qu’une politique étrangère : c’est une association active et permanente de cette dernière, de celle de défense avec toutes ses composantes, militaire, économique, civile, psychologique, de celle de désarmement et d’aide aux pays en voie de développement.
Une cellule de prévision
Il est évident que depuis toujours tout diplomate ayant suffisamment de responsabilité, et donc un certain niveau d’information, a fait de la prévision. Mais il n’a pas existé au ministère suédois des Affaires étrangères (Utrikesdepartementet) d’emplois réservés à cette fonction avant 1976. À cette date le parlement décida que la planification du futur serait confiée à la 5e division (politisk avdelning 5, ou pol. 5), en réalité un tout petit groupe de diplomates (6 ou 7) (1), dont le secteur de compétence, à la direction des affaires politiques, était jusque-là : désarmement et énergie nucléaire, c’est-à-dire un domaine qui pouvait sembler déjà largement suffisant. Le groupe ne fut renforcé que par un seul fonctionnaire, qui d’ailleurs n’était pas diplomate mais universitaire, et qui avait principalement travaillé sur les questions nordiques et baltiques. Présentée dans le répertoire du ministère sous la rubrique « politique de sécurité », sa mission fut bien, cependant, de préparer les scénarios du futur. L’année suivante, toutefois, fut créé un second emploi, confié à un analyste civil ayant longtemps travaillé dans les services de renseignement de l’état-major de la défense.
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