Voici la seconde partie de l'article que l'auteur a écrit en mars (et publié en mai) 1986 sur le Liban. Connaissant et aimant profondément ce pays, il s'efforce de nous convaincre qu'il croit fermement en son avenir. Mais au début d'avril, le gouvernement français a décidé de rapatrier nos observateurs car ils n'étaient plus en mesure d'effectuer leur mission : faire respecter le – ou plutôt les – cessez-le-feu à Beyrouth. Alors, quel espoir pour le Liban de demain ?
Destin du Liban : un essai d'analyse (II) Vers le Liban de demain : traditions, mutations, efforts
Il ne faut pas désespérer du Liban. Malgré les terribles souffrances, et les lourdes pertes humaines et matérielles infligées à ce malheureux pays, malgré les dramatiques difficultés qu’affrontent, depuis onze années, le peuple et ses dirigeants, il subsiste au Liban une extraordinaire vitalité, une inlassable volonté de dominer l’épreuve. L’information moderne, avide de frappantes images, a amplement instruit le public occidental des déchirements cruels subis par le Liban d’aujourd’hui. Elle n’a pas pu faire aussi vigoureusement sentir l’admirable obstination des habitants à survivre, et à survivre en commun. La persistance de ce vouloir-vivre collectif justifie l’espoir.
Si les Libanais, hélas ! continuent de trop souvent s’affronter, en dépit de trêves toujours précaires, ce n’est point, en effet, ou ce n’est plus, pour se séparer les uns des autres et pour former de petites entités distinctes et jalouses ; c’est afin de réviser le partage de l’autorité et des responsabilités au sein de l’unique nation libanaise. Même si cette compétition, au lieu d’être pacifique ainsi qu’il se devrait, revêt trop souvent la forme du combat, elle vise à reconstruire l’État aujourd’hui effrité, et à préparer des bases renouvelées pour le Liban de demain (1).
Rien ne serait plus pénible pour les Libanais des divers camps que de devoir constater qu’en Occident, et surtout en France, on se désintéresse de leur sort parce qu’on désespère de leur avenir. Tout au contraire, notre attention pour les lourds problèmes de ce pays ami entre tous, l’affirmation de notre foi en sa reconstruction et en son destin, constitueront une très efficace contribution à la renaissance libanaise. C’est dans cet esprit que nous abordons la deuxième partie de notre analyse.
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