L'auteur s'est intéressé à cette question des « antimissiles balistiques tactiques » bien avant qu'elle ne fasse l'objet d'un débat public. Il participe actuellement à une étude sur ce sujet entreprise à l'initiative de l'American Academy of Arts and Sciences (Cambridge, Massachusetts) et du British Institute of International Affairs (Chatham House, Londres). Voici une synthèse de ses réflexions.
« ATBM » (Antimissiles balistiques tactiques), défense aérienne élargie et concept de dissuasion globale
En matière de politique de défense, le vocabulaire employé revêt une toute particulière importance et les mots ne sont jamais totalement innocents. S’il apparaît indispensable de laisser subsister ici ou là, notamment lorsqu’une telle politique implique des actions de dissuasion, des zones de flou et d’incertitude, il importe que le discours soit parfaitement compris par ceux auxquels il s’adresse, qu’ils soient adversaires potentiels, fidèles amis ou alliés, ou même et peut-être surtout décideurs au sein de la communauté à laquelle appartient celui qui tient le discours en question. Dans cet esprit, je tiens à souligner que les réflexions et les propositions formulées ci-après, à propos de ce qui sera sans doute un débat fondamental et majeur dans les mois et les années à venir tant au sein de l’Alliance atlantique qu’entre l’Est et l’Ouest, ne visent de quelque manière que ce soit à mettre en cause les principes et les choix clairement exprimés par la France en matière de politique de défense.
Ceux qui ont suivi, de l’intérieur ou de l’extérieur du ministère de la Défense, l’expression de mes idées dans ce domaine, connaissent mon attachement aux grands principes qui ont mené à l’adoption de cette politique tout autant qu’aux choix stratégiques qui en ont découlé. Ils savent aussi que, pour autant, je n’ai jamais cédé à la tentation de me réfugier derrière des « Tables de la Loi » réputées gravées dans le marbre et à la pérennité assurée. En particulier, il m’a toujours semblé nécessaire, chaque fois que l’occasion s’en présentait, d’améliorer la crédibilité de notre position soit en éclaircissant le discours, soit en explorant le plus objectivement possible les voies nouvelles que les évolutions géopolitiques ou technologiques ouvraient vers d’éventuelles adaptations de notre concept de dissuasion globale.
C’est le cas aujourd’hui. On verra qu’au stade actuel du débat, il convient plus de poser clairement des questions que de formuler d’ores et déjà des réponses.
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