Dans un précédent article (« L'UNESCO à l'heure des réformes », AS 1985), l'auteur estimait que la Conférence générale de Sofia, prévue en octobre de la même année, devait démontrer que l'UNESCO avait pris le chemin de réformes indispensables. C'est pourquoi il dresse maintenant un bilan de cette Conférence. Il affirme que les résultats sont très encourageants, car la volonté de l'Organisation de procéder à des réformes de fond est tout à fait réelle ; d'ailleurs des mesures ont déjà été mises en place. Mais que d'obstacles il reste à surmonter après plusieurs années de crise !
L'évolution de la crise de l'UNESCO
La situation de l’Unesco continue à évoluer sous le double signe des réformes et des ruptures. Deux faits nouveaux ont marqué à cet égard la vie de l’Organisation depuis le départ des Américains : la tenue de la 23e session de la Conférence générale à Sofia — dont le bilan peut être considéré comme globalement positif — et le retrait effectif de la Grande-Bretagne ainsi que de l’île de Singapour.
Le bilan de la conférence de Sofia (8 octobre-10 novembre 1985)
Bien qu’étant une session constitutionnelle tout à fait « ordinaire », la réunion de Sofia était attendue par les observateurs politiques de l’Unesco comme une sorte d’événement. D’une part, il allait s’agir de la première conférence générale à tenir ses assises dans une capitale du bloc soviétique, fait d’autant plus digne d’intérêt que la crise de l’Organisation était souvent assimilée à un excès de « politisation », notamment imputable aux pays de l’Est. D’autre part, et surtout, il allait s’agir de la première assemblée plénière convoquée depuis le retrait des États-Unis : comme nous l’avons relevé dans une analyse antérieure (1), les Occidentaux, dont au premier chef la Grande-Bretagne pays en instance de retrait, avaient décidé de déterminer leur politique vis-à-vis de l’Unesco en fonction du déroulement et des résultats de Sofia.
La session en question constituait donc bel et bien une épreuve de vérité pour l’Organisation. Conscients de la gravité de l’enjeu, les pays du Tiers Monde et les pays de l’Est y adoptèrent des positions assez généralement modérées et même conciliantes. Dans le même esprit, la direction générale et les membres du secrétariat veillèrent à déployer moins d’activisme qu’à l’accoutumée de manière à infirmer les accusations de ceux qui leur reprochaient de trop peser sur les options des organes directeurs de l’Unesco. Groupant près de 1 900 participants en provenance de 154 États membres ainsi que d’une centaine d’organisations intergouvernementales ou non gouvernementales, la Conférence parvint assez rapidement (avec deux jours d’avance sur le calendrier officiel) à une série de compromis dont les plus importants portèrent sur le programme de travail, les questions budgétaires et les divers aspects des difficultés engendrées par la rupture américaine.
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