Politique et diplomatie - Les enseignements de Tchernobyl ou le bouclier d'Achille
Pour les spécialistes, la catastrophe de Tchernobyl est sans doute fort riche d’enseignements mais nous n’avons pas qualité pour en discourir. Nous limiterons donc notre propos à l’examen des effets qu’elle a eus sur l’opinion publique occidentale. Nous verrons au cours de cette plongée dans la psychologie des foules que rien n’est si sujet à l’illusion que la crainte.
Civil ou militaire, le nucléaire inquiète dans la mesure où son rôle n’est pas compris et plus encore lorsque sa maîtrise paraît mal assurée. Et pourtant, par les fonctions qui lui incombent, le nucléaire est un symbole particulier du sens équivoque de la vie. Il est comme le bouclier d’Achille qu’Héphaïstos avait façonné pour célébrer la paix et la guerre sur chacune de ses faces. Non pas, comme l’enseignera ensuite la tradition chrétienne, parce que le mal est la condition d’un bien supérieur, mais tout simplement parce que la vie est imbriquée entre ces deux pôles de la guerre et de la paix.
Pour ne pas être pris au dépourvu, il est plus sage de faire le nécessaire par dessein plutôt que sous la contrainte, même si de beaux esprits jugent cela inconvenant. Le choix délibéré du nucléaire s’inscrit dans cette logique. Les scrupules ne doivent pas aveugler ou inhiber la volonté qu’on a d’assurer l’avenir. Encore faut-il que l’impéritie ne vienne pas lézarder l’édifice. L’incident de Three Mile Island avait été parfaitement contrôlé ; il en a été tout autrement à Tchernobyl. Le problème de la sécurité est sans doute plus important qu’on ne l’avait imaginé il y a vingt ans, et il est en Occident très soigneusement étudié contrairement à ce que croient des populations affolées. En novembre dernier, l’agence de Vienne, l’AIEA, avait encore organisé deux colloques sur ce thème, l’un à Columbus, dans l’Ohio, l’autre à Rome.
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