Les grands problèmes stratégiques - Le Pacte Atlantique et son potentiel militaire (I) Définitions et principes
Il a déjà été beaucoup écrit sur le Pacte Atlantique. De nombreux critiques et experts ont étudié et cherché à évaluer son potentiel militaire — présent et à venir. Il n’est, bien entendu, pas dans mes intentions de donner des précisions à ce sujet. Mon propos est : de montrer l’articulation verticale et horizontale des organes d’études et de commandement qui sont nés du Pacte Atlantique ; d’exposer l’ensemble des problèmes posés par la préparation de la défense occidentale, l’ambiance dans laquelle ces problèmes sont traités, le douloureux et lent enfantement, qui est le lot journalier de ceux qui en ont la charge, leurs espoirs et leurs craintes, leurs réactions devant les difficultés qui surgissent chaque jour du fait de la confrontation, d’une part des besoins, je dirai même des impératifs posés par la défense occidentale, d’autre part, des possibilités et aussi parfois des réticences des nations intéressées.
Qu’est-ce que le Pacte Atlantique ? C’est la traduction d’un réflexe collectif d’union des peuples pour garantir la paix en décourageant l’agresseur, et, au cas où cependant cette agression se produirait, pour prendre en commun les mesures nécessaires à la défense victorieuse des pays N. A. T. O. Sans doute, dans le cours des siècles connaissons-nous maints exemples de coalitions ; sans doute, des alliances se sont-elles nouées, qui comportaient en temps de paix des études et des ententes entre états-majors. Mais, pour la première fois dans l’histoire, des pays se sont entendus — conscients du danger qui les menace — pour, en temps de paix, désigner un commandant suprême, participer à la création d’états-majors alliés stationnés sur les théâtres d’opérations dont ils auraient à assurer la défense, décider de l’établissement d’une infrastructure — extrêmement coûteuse sur le plan financier et qui demande certains sacrifices de souveraineté nationale — mais sans laquelle aucune lutte victorieuse ne saurait être envisagée.
L’invasion de la Corée en soulignant, d’une part le risque d’une 3e guerre mondiale, d’autre part l’état d’impréparation de tous les pays en général et des U. S. A. en particulier, a certes été le coup de fouet qui a précipité les décisions et mis en route la lourde machine des industries de guerre aux U. S. A. Cependant, depuis 1948, l’inquiétude s’était instaurée dans le monde et spécialement en Europe après la mainmise de l’U. R. S. S. sur la Tchécoslovaquie en février de cette même année. Le 17 mars 1948, était signé entre la France, la Grande-Bretagne et le Benelux le traité de Bruxelles qui se proposait « d’assurer la paix et la sécurité internationales et de faire obstacle à toute politique d’agression ». Mais ce pacte n’intéressait qu’une faible partie de l’Europe, et on a pu dire « qu’il n’associait que des faiblesses », les possibilités du Benelux étaient extrêmement faibles, celles de la France encore très limitées ; quant à la Grande-Bretagne, ce n’est pas lui faire injure que de constater qu’elle ne s’est jamais engagée à fond sur le continent, tant qu’elle n’était pas sûre de l’inviolabilité de son territoire. C’est dire que l’on risquait fort de n’obtenir d’elle dans le domaine aéro-terrestre que l’appui d’une aviation basée en Grande-Bretagne et celui de quelques divisions dont il n’est pas exclu de penser que leur mission à l’aile gauche du dispositif allié aurait été de couvrir les débouchés de la mer du Nord, et, le cas échéant, de se replier encore une fois sur Dunkerque.
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