À propos de l'ouvrage de Jean-Paul Charnay, L’islam et la guerre, de la guerre juste à la révolution sainte (Fayard, 1986 ; 354 pages).
À travers les livres - L'islam et la guerre
L’Islam et l’Occident — on n’ose plus dire la chrétienté — sont comme chien et chat, ou homme et femme. Pour des raisons inverses ils se séduisent l’un l’autre mais se retiennent de succomber aux charmes du partenaire. Jean-Paul Charnay parle très bien de la fascination-répulsion qu’exerçait sur les musulmans, au temps des conquêtes coloniales et de la domination occidentale, l’indiscutable puissance des civilisations matérialistes libérées des pesanteurs de la religion. Voici que l’exubérance nouvelle de la foi islamique nous fait regretter nos croyances perdues, cependant que nous terrorise le potentiel de violence dont disposent en Islam les exploiteurs du martyre. Le jihâd — guerre sainte reste une très convenable traduction — est à l’ordre du jour. En terre d’islam les excès des intégristes inquiètent les modérés. En Occident le chantage aux otages et le spectacle indécent de la mort en ville scandalisent nos concitoyens, tous ensemble menacés.
Juriste, islamologue, historien, sociologue, c’est ici par sa familiarité avec la réflexion stratégique que Jean-Paul Charnay nous intéresse (1). Directeur à la Sorbonne du Centre d’études et de recherches sur la stratégie et les conflits, il s’est planté au beau milieu du carrefour de la stratégie et de l’islam, carrefour fort encombré. Trois livres publiés en deux ans sont le résultat de ses recherches et de celles de ses élèves. On retiendra surtout « Principes de stratégie arabe » et « L’islam et la guerre ».
Le premier ouvrage est une très large et très précieuse anthologie, le second une synthèse personnelle. « Technique et géosociologie », titre peu explicite, est le fruit de travaux universitaires appliqués à deux sujets particuliers : la guerre du Rif et le nucléaire en Orient (2).
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