Politique et diplomatie - Les grandes manœuvres du Proche-Orient
L’année 1986, en ce qui concerne le Proche-Orient, ne fait sans doute que confirmer la schizophrénie dont souffre cette partie du monde. D’un côté, selon un cycle immuable, les initiatives diplomatiques se sont multipliées cet été : sommet Hassan II-Shimon Pérès, à Ifrane (22-23 juillet 1986) ; premiers contacts officiels depuis 1967 entre Israël et l’Union Soviétique (Helsinki, 18 août 1986) ; sommet Moubarak-Pérès, à Alexandrie (11-12 septembre 1986). Cette dernière rencontre proclame « 1987, année de négociations de paix ». Perspective authentiquement nouvelle ? Ou vœu pieux ?
D’un autre côté, le puzzle proche-oriental est à nouveau éparpillé (s’il fut jamais en ordre). L’intensification du terrorisme cristallise bien cet émiettement du Proche-Orient, dont le cœur est le Liban, État sans État sur lequel se concentrent toutes les tensions de la zone. En outre, le terrorisme établit une union tragique entre le Moyen-Orient et l’Europe occidentale ; cette dernière apparaît bien comme le point faible d’un Occident qu’il faut frapper partout.
L’Europe centrale des années 1980
Le morcellement actuel du Proche-Orient évoque l’Europe centrale de l’entre-deux-guerres, espace trop restreint (1), à la fois uni par des cultures, une histoire communes, et déchiré entre des États, des communautés barricadés dans leurs inquiétudes. Mais, à la différence de cette Europe centrale, alors coincée entre deux colosses — l’Allemagne, l’Union Soviétique — qui la broieront bientôt, le Proche-Orient, lui, semble au fond une zone rebelle à toute forme de direction ou d’hégémonie, vouée, apparemment, à une perpétuelle anarchie. Pourquoi ?
Il reste 89 % de l'article à lire
Plan de l'article