Par un dosage délicat d'ouverture aussi bien vers l'Est que vers l'Ouest – difficultés économiques obligent ! –, l'Égypte manifeste sa volonté de conduire une politique étrangère indépendante. Pays majeur du monde arabe, il n'avait pas été évoqué dans la revue depuis quelque temps déjà.
La politique égyptienne de l'ouverture
Au début de l’automne 1974, il nous fut donné d’assister au colloque organisé, dans le cadre de l’université du Caire, en vue d’étudier les circonstances et le déroulement de la guerre égypto-israélienne d’octobre 1973. La séance d’ouverture fut présidée par le général Hosni Moubarak, vice-président de la République. Nous eûmes alors l’occasion d’observer à loisir la physionomie du deuxième personnage de l’État, souvent chargé de pareilles missions protocolaires, mais sans doute fréquemment associé aussi à la préparation des grandes décisions politiques. Comme, sans doute, nombre d’autres participants au colloque, nous fûmes frappés par l’extrême réserve que manifestait l’attitude du général. Il nous sembla qu’il interdisait à son visage, marqué de gravité et d’énergie, de laisser entrevoir quoi que ce soit de ses sentiments. On aurait pu s’imaginer que, commandant de l’aviation égyptienne qui s’illustra durant cette mémorable campagne, il aurait usé de cette occasion de le rappeler, fût-ce très discrètement par quelque jeu de physionomie. Il n’en fut rien. Il conserva une attitude rigoureusement impersonnelle, se confinant avec une impassible dignité dans le rôle protocolaire qui lui était imparti en la circonstance.
Hosni Moubarak au pouvoir : fermeté et apaisement
Cette discipline, pour ainsi dire ascétique, et cette profonde modestie, dénotaient la fermeté du caractère. Elles pouvaient laisser pressentir la vigueur et le calme dont le général Hosni Moubarak devait effectivement faire preuve, le 6 octobre 1981, lorsque, légèrement blessé lors de l’attentat qui coûta la vie au président Anouar el-Sadate, il devint chef de l’État, d’abord intérimaire puis bientôt confirmé par les procédures régulières de la Constitution égyptienne.
D’emblée, les graves troubles d’Assiout mettent alors à l’épreuve sa détermination et son énergie : l’ordre est rapidement rétabli, et le soin que le nouveau président prend de maintenir en vigueur l’état d’urgence même lorsque, des années plus tard, rien ne semble plus menacer la tranquillité publique, témoigne du souci qu’il a de ne pas se laisser déborder. À l’encontre des auteurs et complices de l’assassinat du président Sadate, la justice suivra son cours ; nul droit de grâce ne jouera en faveur des condamnés. Et la police est vivement encouragée à persévérer, avec tout l’acharnement nécessaire, dans la recherche et la neutralisation des groupes activistes clandestins, qu’ils soient d’extrême-gauche ou d’orientation extrémiste islamiste.
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