L'auteure a été sensibilisée par le discours que le nouvel homme fort de l'URSS, M. Gorbatchev, a prononcé à Vladivostok cet été. Elle s'est donc livrée à une analyse de cette nouvelle politique asiatique d'une superpuissance qui cherche, par une méthode qui lui a déjà quelque peu réussi, à placer ses pions dans la région Asie-Pacifique ! Heureusement, certains États ne sont pas dupes !
Un Acte final d'Helsinski pour l'Asie ?
« L’Acte final d’Helsinki n’a pas perdu de son importance », souligne l’éditorial de La Pravda du 21 juillet 1985 intitulé « La sécurité en Asie ». « Il ne s’agit pas d’un simple retour aux années 70 », poursuit le quotidien soviétique, « mais la question de la sécurité en Asie appelle aujourd’hui un nouvel effort pour créer les conditions de la détente, ce qui constituera une étape intermédiaire vers la sécurité internationale ». L’URSS s’emploiera, conclut l’éditorialiste, à résoudre les conflits dans cette région en suscitant des consultations à la fois bilatérales et multilatérales, en vue d’organiser un forum des pays de l’Asie et du Pacifique (1).
Le projet de programme (2) présenté au 27e congrès du parti communiste de l’Union Soviétique (du 25 février au 5 mars 1986) accorde, lui aussi, un intérêt particulier à l’Acte final d’Helsinki, puisqu’il y voit un modèle pour aborder des questions touchant à la sécurité dans cette région du monde : « Le parti s’attachera à faire en sorte que le processus de consolidation de la sécurité, de la confiance et de la coopération pacifique enclenché à l’initiative de l’Union Soviétique et avec sa participation active se développe et s’approfondisse pour s’étendre au monde entier. Le PCUS se prononce pour la conjugaison des efforts de tous les États intéressés afin d’assurer la sécurité en Asie, et pour la recherche commune par ceux-ci d’un règlement constructif de ce problème » (3). Dans ce même document, l’Asie et le Pacifique sont présentés comme une région traversée par de vives tensions qui en font un foyer d’intenses rivalités politiques et économiques (4).
Incontestablement, l’arrivée au pouvoir de M. Gorbatchev se traduit par un renouvellement de la politique extérieure de l’URSS : les moyens militaires, ou simplement l’utilisation des partis d’opposition sont relégués au second plan au profit d’une diplomatie flattant les intérêts nationaux de tel ou tel pays asiatique. Les visites, en janvier 1986, du ministre des Affaires étrangères, M. Edouard Chevardnadze, en Mongolie, au Japon et en Corée du Nord, illustrent cette orientation. Ainsi, au Japon, son séjour a suscité un intérêt évident tant au niveau gouvernemental que dans les milieux d’affaires (5). Certes, la reprise des négociations en vue de conclure un traité de paix, la reprise de la conférence annuelle des ministres des Affaires étrangères des deux pays — suspendue depuis l’intervention soviétique en Afghanistan — et la perspective d’organiser en 1986 des réunions régulières du comité pour la coopération scientifique et technique soviéto-japonaise pourraient étoffer le dialogue entre les deux États. Mais les interlocuteurs de M. Chevardnadze ont été particulièrement sensibles à sa façon différente d’envisager l’horizon politique par rapport auquel les problèmes se posent. M. Andrej Gromyko ne faisait valoir que la bipolarité du monde, perspective qui ramenait le Japon au rang de simple pion des États-Unis ; M. Chevardnadze, en revanche, a mis en avant les intérêts propres du Japon.
Il reste 84 % de l'article à lire
Plan de l'article