L'auteur, premier président du groupe d'études spatiales du ministère de la Défense, a participé pendant plus de vingt ans à des programmes de matériel d'armement développé en coopération. Il nous livre ici le fruit de ses réflexions sur la coopération européenne dans le domaine des applications militaires des techniques spatiales.
Armées, Espace et Europe
L’histoire militaire des pays de l’Europe de l’Ouest est marquée depuis un quart de siècle par la volonté de produire en commun un certain nombre d’armements. Si les succès ont été nombreux et réels, avion Transall, hélicoptère Puma, Chasseur de mines tripartite pour n’en citer que quelques-uns, la route de la coopération a été aussi semée d’échecs tels que ceux de l’avion à géométrie variable franco-britannique ou du char franco-allemand.
Or, un nouveau domaine, l’espace, s’ouvre aujourd’hui devant les armées européennes avec l’apport de solutions performantes en matière de transmission et d’observation. La coopération internationale ne serait-elle pas un moyen d’acquérir à moindre coût ces matériels chers car de très haute technologie ? Et, si la réponse est « oui », quelles voies faut-il prendre pour éviter l’échec ? Répondre à ces questions, telle est l’ambition du présent article. Il se contentera cependant de les examiner dans un cadre uniquement européen. La coopération avec les États-Unis présente en effet des aspects très particuliers qui justifieraient à eux seuls un article entier et conduiraient de surcroît à traiter de l’Initiative de défense stratégique, sujet déjà longuement débattu dans les colonnes de cette revue.
Les besoins
L’espace apporte aujourd’hui aux armées des techniques qui permettent de satisfaire des besoins jusque-là peu ou non satisfaits. Communiquer avec des éléments à l’autre bout de la planète a longtemps présenté des difficultés réelles : les transmissions par onde radio à haute fréquence ont une qualité variable, fonction de l’évolution des couches réfléchissantes de la haute atmosphère ; en outre, elles n’ont qu’un débit réduit ; les communications téléphoniques ou télégraphiques par l’intermédiaire des réseaux filaires supposent leur existence à proximité des zones d’opérations et restent liées à la bonne volonté des États sur lesquels transitent les câbles.
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