L'environnement africain
Je voudrais commencer par quelques remarques de journaliste qui voyage et observe. La première concerne le problème des Afrikaners et leur degré de volonté de changement. Ce qui m’a frappé depuis dix ans que je me rends en Afrique du Sud c’est, année après année, la rapidité étonnante de leur évolution. Ce phénomène a commencé bien avant l’arrivée au pouvoir de M. Botha, et il me semble qu’on néglige une considération, fort importante pour l’avenir, à savoir que le changement n’est pas dicté dans ce pays par des pressions extérieures mais qu’il vient, pour toute une série de raisons comme le développement intellectuel des jeunes, l’ouverture sur le monde, l’influence des militaires, de l’intérieur même de la république ; ce qui explique le ralliement de la majeure partie de l’électorat anglophone aux thèses du parti national dont le programme est désormais bien proche de celui du parti libéral, d’ailleurs réduit à peu de choses.
Aussi encourageante pour l’avenir, ma deuxième remarque concerne l’évolution de l’état d’esprit des milieux d’affaires. Là aussi, on perçoit une anticipation des conceptions par rapport aux événements : on a découvert que l’Afrique du Sud était aussi un pays du Tiers Monde, et pas uniquement le pays extraverti, fort développé, qu’on a connu jusqu’à présent. Bref, on s’est efforcé de raisonner en termes africains.
Ma troisième observation porte sur les trois caractères fondamentaux de l’ensemble sud-africain. On y trouve un mélange, un alliage, dont les composantes principales me semblent être un juridisme extravagant, un pragmatisme considérable et un sens très aigu de la durée. Il en résulte que le pari qui est fait actuellement de précipiter les choses en Afrique du Sud ne pourra probablement pas aboutir à des résultats très clairs avant une décennie au moins.
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