Politique et diplomatie - Trois événements, trois signes… parmi d'autres
Il est des époques incertaines, confuses, dans lesquelles aucune tendance ne paraît émerger. Le passé continue d’imposer ses points de repère, à la fois nécessaires et trompeurs : Mikhaïl Gorbatchev serait le Khrouchtchev des années 80, et l’Occident, tirant la leçon de l’échec précédent, doit lui tendre la main ; ainsi se profile déjà la perspective d’une nouvelle détente. Quant au futur, ce qui le rend insaisissable, c’est d’abord le poids des facteurs intérieurs : États-Unis, Union Soviétique, Chine, Japon, pays européens, tous se trouvent en période de mutation, faisant face à une accumulation d’échéances. Bien sûr, les objectifs, les exigences de la politique extérieure ne disparaissent pas mais s’inscrivent dans une partie d’autant plus complexe qu’interviennent non seulement les gouvernements mais aussi les mouvements d’opinion et même les rêves : si, enfin, la Russie soviétique et la Chine se transformaient en démocraties satisfaites…
En outre, ces moments de transition sont aussi ceux des désillusions. Les schémas « intangibles » des années 60 ou 70 — de la dissuasion au dialogue Est-Ouest, de la vision Nord-Sud au contrôle des marchés — se disloquent ; même la renaissance du libéralisme, si elle se traduit par des réformes importantes (déréglementations, privatisations), révèle vite ses ambiguïtés, ses dangers, à travers les perturbations monétaires : ne faut-il pas, malgré tout, une règle du jeu, une discipline ? Toute liberté n’implique-t-elle pas des contraintes, n’a-t-elle pas un prix ? Les sociétés sont à la fois dégrisées — avec, tout de même, un arrière-goût amer — et désemparées devant le vertige du futur.
Dans ce brouillard, il convient de tenter d’isoler des signes, des indications, inévitablement arbitraires, contestables, mais peut-être utiles. En ce début de 1987, trois événements paraissent fournir des clés pour les prochaines années : la réception au Vatican du général Jaruzelski par le pape Jean-Paul II, le 13 janvier 1987 ; la visite du Premier ministre du Japon en Europe de l’Est, et en particulier l’expression à Berlin-Est, de son opposition à la proposition soviétique d’un Helsinki asiatique, le 13 janvier 1987 ; enfin la première visite à Moscou d’un ministre saoudien du Pétrole, le 20 janvier 1987.
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