Au mois de janvier dernier, l'auteur nous avait fait connaître ses réflexions sur l'Initiative de défense stratégique (IDS) américaine. L'approfondissement de ce sujet l'a conduit à examiner l'attitude des Soviétiques à l'égard d'un projet qu'ils semblent craindre et contre lequel ils ont mis en place, avec leur habileté coutumière, toute une stratégie de désinformation, analysée ici avec soin.
Désinformation et Initiative de défense stratégique (IDS)
Le présent article ne constitue pas une réflexion de plus sur l’IDS à propos de laquelle il a déjà été surabondamment glosé, mais plutôt une tentative d’approche du problème grave et général de la désinformation soviétique, appliqué à un exemple concret et actuel : l’IDS. Mais l’approche d’un tel sujet justifie quelques observations préliminaires.
Le caractère essentiel — au sens étymologique du terme — du problème de la désinformation. Quoique peu étudiée dans les revues spécialisées sur les questions militaires, celle-ci constitue une arme de guerre redoutable, et qui pourrait être décisive. Dans une démocratie de libertés, au paroxysme d’une crise majeure, la crédibilité d’une stratégie de dissuasion, et singulièrement celle d’une dissuasion faiblement graduée, dite du « faible au fort », serait largement tributaire de la détermination de la nation à accepter de courir le risque calculé de mourir ensemble, plutôt que celui de capituler. Confrontées à un tel enjeu, les opinions publiques ne manqueraient pas d’être sérieusement sollicitées. Dès lors, il n’est pas étonnant que, dès le temps de paix, l’opinion constitue l’enjeu d’une bataille qui, pour être souterraine, n’en est pas moins active, permanente et tous azimuts.
L’exemple de l’IDS comme point d’application d’une politique de désinformation n’a pas été choisi pour sa pertinence. Il n’est, ni plus, ni moins, révélateur que d’autres. Il a été découvert par hasard par l’auteur du présent article à partir de l’intérêt technique qu’il portait au débat d’idées sur ce sujet. D’autres exemples seraient sans doute plus explicites, mais le cas de l’IDS constitue un modèle de désinformation « douce » appliqué à un sujet en gestation, qui n’est pas encore une réalité militaire tangible, et qui n’a pas encore revêtu un caractère crucial, générateur de crise majeure entre l’Est et l’Ouest. Nous sommes donc en présence d’un exemple de désinformation préparatoire, s’exerçant sur une longue durée, que l’on peut opposer aux cas de désinformation « dure », massive et lourde, directement et ponctuellement liés à une crise aiguë.
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