Le 31 décembre 1992, l'Europe des « Douze » va connaître un grand chandement avec l'instauration du Marché commun. Dans quel environnement ce grand marché interviendra-t-il ? Quels sont son contenu et ses implications ? Que va-t-il, que peut-il, transformer ?
Politique et diplomatie - Le grand marché en 1992 : mythe et contrainte
Depuis les enthousiasmes et les controverses des années 50 — à la fois bien lointains et toujours actuels par leurs questions —, la construction européenne apparaît comme une mécanique compliquée, enlisée dans des difficultés insolubles : réforme de la politique agricole commune, quête de ressources financières supplémentaires… Or, tandis que l’Acte unique — qui, pourtant, fixe, depuis juillet 1987, le cadre institutionnel rénové de l’unification communautaire pour les années à venir — ne reste connu que des initiés, le sous-produit, certes majeur, de cet Acte, la réalisation du grand marché, provoque un intérêt, une mobilisation que n’a guère jusqu’à présent suscités l’Europe : le 31 décembre 1992, tout — ou presque — changerait au sein de l’Europe des Douze, le vrai Marché commun existerait enfin.
Peut-être convient-il de tenter de prendre une vue plus juste de cette perspective. Dans quel environnement ce grand marché intervient-il ? Quels sont son contenu et ses implications ? Que va-t-il, que peut-il transformer ?
Le grand marché existe déjà
Même si subsistent aujourd’hui des barrières de toutes sortes entre les États membres, le Marché commun est une réalité, comme l’indique d’abord la croissance vertigineuse des échanges intracommunautaires des années 60 jusqu’au début des années 80. Les industries de masse, les grands groupes de l’Europe des Douze traitent en fait l’espace communautaire comme une zone privilégiée, vitale, tremplin vers les autres marchés ou région de repli en cas de difficultés (ainsi que l’illustrent le redressement de Fiat et la convalescence de Renault).
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