Docteur es sciences politiques et diplômée de chinois, auteur d'une thèse sur les relations sino-soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale, l'auteure a récemment publié une nouvelle traduction de L'art de la guerre de Sun Tsu. Elle traite ici de ce sujet quelque peu occulté actuellement qu'est l'évolution de ces relations sino-soviétiques en raison, en particulier, de l'attitude de Mikhaïl Gorbatchev.
Les relations sino-soviétiques depuis 1982
Depuis 1982 nous assistons, en dépit de quelques à-coups, à un rapprochement continu entre la république populaire de Chine et l’URSS. Aujourd’hui, la question n’est plus de se demander si ce fait est réel, mais bien plutôt de voir jusqu’où il pourra aller. Les relations économiques ont connu un développement particulièrement notable, favorisé, depuis l’arrivée de Mikhaïl Gorbatchev au pouvoir, par une évolution parallèle des systèmes internes. De même, malgré la persistance d’obstacles toujours rappelés par Pékin, les politiques étrangères des deux pays se rencontrent sur bien des points. Cependant, si les contacts politiques se sont multipliés et institutionnalisés, la Chine ne semble pas encore prête à accepter cette normalisation que recherche l’URSS.
Moscou paraît décidé à faire beaucoup de concessions pour tarir les sources de tensions, héritage de la période Brejnev. Les Chinois n’insistent plus, désormais, que sur la question du Cambodge. Les Soviétiques pourront-ils cependant risquer leur présence militaire au Vietnam, qui a été l’une de leurs plus grandes victoires stratégiques en Asie, en échange d’un éventuel rapprochement politique avec la Chine ? Pékin, de son côté, n’est sans doute pas prêt, en dépit de signes d’agacement, à sacrifier ses principaux pourvoyeurs de technologie civile et militaire sur l’autel d’une nouvelle alliance avec Moscou.
Les facteurs du rapprochement
Au début des années 80, après une période d’entente exclusive avec les pays occidentaux et le Japon, les Chinois, déçus par la politique américaine à l’égard de Taiwan, ont progressivement recherché un rééquilibrage de leur politique étrangère. Au mois d’avril 1982, le maréchal Ye Jianying déclarait devant le comité permanent de l’Assemblée populaire nationale : « En politique étrangère, on ne peut obtenir de résultats en s’opposant à l’URSS, car Reagan a décidé de continuer à fournir des armes à Taiwan » (1). Cette nouvelle attitude de la Chine par rapport à l’URSS sera entérinée à la fin de l’année 1982, lors du XIIe congrès du parti communiste chinois qui met sur le même plan l’impérialisme, l’hégémonisme et le colonialisme.
Il reste 89 % de l'article à lire
Plan de l'article