Il y a presque 3 ans, l'auteur avait montré un certain optimisme dans la réalisation, mais à long terme, du Grand Maghreb arabe. De nombreux événements, de nombreuses rencontres et discussions ont eu lieu depuis cette époque entre les États intéressés. L'auteur nous présente l'état actuel de ce grand projet et son sentiment sur l'avenir.
Le Grand Maghreb arabe : un projet en lent mais sûr progrès
Au terme d’une étude, parue ici-même, sur « le Grand Maghreb arabe, espoirs et contradictions » (1), nous écrivions : « On ne peut escompter, pour un proche avenir, la réalisation du Grand Maghreb arabe. Mais les contacts ne sont pas rompus, et la recherche de compromis se poursuit discrètement ». Trois ans plus tard, ces constatations demeurent valables. Cependant, peut-être commence-t-on à mieux entrevoir par quels procédés de futurs progrès pourront être réalisés, et quels hommes compteront probablement parmi les pionniers efficaces de l’unité maghrébine.
Parmi ces procédés devrait figurer l’habituelle commémoration de la rencontre à Tanger, du 26 au 28 avril 1958, des dirigeants du FLN algérien, de l’Istiqlal marocain, du Néo-Destour tunisien ; cette sorte de convention maghrébine informelle, désormais réunie presque chaque année, va en effet inspirer l’idée d’une Assemblée maghrébine, fût-elle de caractère seulement consultatif. Et, quant aux hommes, il semble qu’un des principaux pionniers de ces rencontres, M. Hedi Baccouche, naguère directeur du parti socialiste destourien de Tunisie, et, depuis le 7 novembre 1987, chef du gouvernement tunisien, ne manquera pas de jouer un rôle majeur dans cette édification maghrébine dont il est un des plus constants zélateurs.
Cependant, en 1985, manque précisément cette commémoration algéro-maroco-tunisienne, réalisée les deux années précédentes. L’évidente rivalité entre les procédures unionistes des traités de Tunis (19 mars 1983, Algérie-Mauritanie-Tunisie) et d’Oujda (12 août 1984, Libye-Maroc) explique peut-être cette circonstance. Mais on remarquera que, précisément, M. Hedi Baccouche se rend du 11 au 16 avril 1985 au Maroc, où le roi Hassan le reçoit avec grands égards, et où il confère avec les dirigeants de l’Istiqlal et de l’union socialiste des forces populaires ; puis, du 21 au 24 avril, il effectue une démarche analogue à Alger, auprès du FLN. Les deux partis créent une commission mixte supérieure, destinée à favoriser l’édification du Grand Maghreb, « étape déterminante sur la voie de l’unité arabe ».
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