Dans la livraison de mars 1985, l'auteur avait déjà « élevé le débat » en évoquant la survie de l'humanité. Ici, à partir du conflit Iran-Irak, il décrit le nombre et la diversité des problèmes qui se posent et se poseront dans l'océan Indien, cette immensité différente des autres. La France y est bien présente et elle doit convaincre les « citoyens européens » qu'il y a place pour une conquête d'un nouveau type.
L'océan Indien, l'Europe et la France
« Affrontement racial et culturel historique, antagonisme idéologique et politique, affrontement hégémonique et économique » (1)… Il rentre tout cela dans le couple tragique Iran-Irak, et bien d’autres choses encore ! Ce sont ces dernières que veulent cerner de façon complémentaire ces quelques propos. Situé géographiquement au nord de l’océan Indien, ce conflit, éruption instantanée d’une longue histoire, a été en même temps signe non équivoque pour demain et révélateur d’un antagonisme radical entre des conceptions différentes de l’homme, que toute réflexion stratégique générale se doit de prendre en compte, ne serait-ce que pour nous, Français, dont la présence est encore considérable dans ces mers.
Approche géographique
Immense, mais d’une immensité ramassée dans sa géométrie, l’océan Indien avec ses 75 millions de kilomètres carrés s’étend sur 10 500 kilomètres de Suez aux Kerguelen, 9 500 de Suez à Singapour, tandis que de Perth au Cap il y a 9 200 kilomètres à parcourir et près de 12 000 de Perth à Suez. Revêtant la forme d’un « W » renversé, il n’est accessible dans toute sa partie Nord que par des passages obligés totalement ou facilement contrôlables (canal de Suez, détroits d’Ormuz, de Malacca, de la Sonde, de Lombok…), tandis que le Sud largement ouvert voit sa praticabilité réduite par la proximité des « quarantièmes rugissants » et par les considérables détours que représentent les passages au sud de l’Afrique et de l’Australie. Par contre, pour peu qu’elles contrôlent ces deux pays, les puissances de mer disposent là d’un espace de manœuvre indirecte extrêmement éloigné de la plupart des menaces envisageables à terme, complément de celui qui lie Atlantique et Pacifique, et par conséquent stratégiquement irremplaçable. Cela explique l’attention portée depuis des années à la démilitarisation de l’Antarctique et désormais à l’équipement de l’Inde en sous-marins nucléaires (2).
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