Les relations en général entre le Japon et l'Europe constituent un sujet délicat, et les aspects économiques n'échappent pas, loin s'en faut, à cette constatation. L'auteur, qui nous apporte toujours fidèlement des informations et ses réflexions sur le pays du Soleil-Levant, étudie précisément, dans l'article qui suit, l'évolution des relations CEE-Japon, avec leurs difficultés et leurs possibilités de coopération compte tenu du grand marché européen de 1993.
Japon et CEE : une alliance difficile
L’achèvement du marché unique européen, prévu le 31 décembre 1992, annoncé par la CEE, a provoqué, dans un premier temps, une grande inquiétude au Japon. C’était là, pensait-on, l’accentuation du protectionnisme européen et la formation d’un bloc économique qui lui était hostile. Ce qui s’était passé ailleurs accréditait cette appréciation spontanée.
L’article 301 de la nouvelle loi du commerce américain, qui prévoit des mesures de rétorsion contre les pratiques commerciales déloyales, l’entrée en vigueur le 1er janvier 1989 de la zone de libre-échange entre le Canada et les États-Unis, les négociations secrètes en cours entre ceux-ci et les pays de l’ANSEA pour l’éventuelle création d’une autre zone de libre-échange entre ces deux entités, tout cela nourrissait déjà la crainte nippone. L’histoire allait-elle se répéter ? N’allait-on pas voir resurgir le spectre des années 30, à la fin desquelles les blocs économiques antagonistes sombrèrent dans la guerre ?
Cette première réaction excessivement alarmiste est pourtant déjà dépassée. Les entreprises japonaises, en effet, mesurent plutôt à présent tous les avantages qu’elles peuvent tirer d’un grand marché de qualité, décloisonné. S’installer dans les pays de la CEE avant 1993, y former des alliances « stratégiques » avec des entreprises européennes, et aussi en Asie et en Amérique du Sud (1) au moyen de « joint-ventures », telle est la ligne adoptée pour l’heure. Une nouvelle fois, conformément à sa séculaire tradition, le Japon s’est rapidement mobilisé et a su faire face aux « menaces » extérieures.
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