Théories et points de vue - La défense atlantique : stratégie et répartition des charges
En définissant l’effort français en mesures américaines, ne risque-t-on pas de diminuer le rendement qu’on doit en attendre ? Parmi les nombreux problèmes que soulève l’organisation de la défense atlantique, il en est un dont l’importance ne saurait être contestée, puisqu’il touche à la conception même de la défense : celui de la mise en place du dispositif. Et, dès qu’on l’aborde, on ne peut pas manquer d’être frappé par une idée simple : la situation stratégique de la France (et de ses voisins continentaux, Allemagne comprise, le cas échéant) est essentiellement différente de celle de la Grande-Bretagne et a fortiori des États-Unis.
Ce postulat a-t-il été suffisamment mis en avant, dans les conversations entre alliés ? Je ne saurais répondre à cette question, mais je voudrais expliquer les raisons de mon doute. Les décisions que l’on est en train de prendre vont peser sur notre organisation militaire, qui sera fatalement fonction de la mission qui nous aura été réservée ; et, comme un changement d’organisation ne peut avoir d’effet qu’au bout de plusieurs années, il est à craindre, si le problème a été mal posé, que nous nous cristallisions pour longtemps dans des errements regrettables.
Les coalitions, fortes de leur union, ont en contrepartie des faiblesses : ce n’est pas l’une des moindres que la difficulté, pour des hommes de nations différentes, de définir la façon dont la part d’effort de chacun sera calculée — puis de déterminer cette part elle-même. Car, entre alliés, si on ne parle pas la même langue, ce qui n’est pas grave, on ne pense également pas toujours d’après les mêmes concepts, ce qui est souvent plus gênant.
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