Dans son discours, en février, devant les parlementaires de l’UEO, notre ministre de la Défense s’est réclamé du siècle des Lumières pour nous distinguer des pays de l’Est. Effectivement les Lumières impliquent une recherche d’une vérité qui n’est jamais tout à fait acquise et aider d’autres à trouver la vérité, c’est dire à peu près le contraire de ce qu’ils pensaient. C’est l’exercice auquel je vais me livrer ici.

Pour traiter le sujet des valeurs de l’Alliance, je crois qu’il faut remonter à 1945-1946 et commencer par nous interroger un instant sur le préambule de la Constitution de 1946. Celui-ci dit : « Au lendemain de la victoire remportée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d’asservir et de dégrader la personne humaine… ». Sur les régimes, cela impliquait déjà la possibilité future d’un rapprochement franco-allemand ou franco-italien puisque contrairement à 1919 ce préambule précise bien que ce n’est pas une nation qui en a battu d’autres, c’est au contraire un système qui a été abattu. Deuxième remarque : la victoire des peuples libres. En 1946, la formule pouvait passer facilement, il n’était pas entré dans les esprits que des peuples libres puissent en asservir d’autres, et cela ne sera compris qu’avec la décolonisation ; il n’était pas non plus très bien admis que des peuples non libres puissent aider à libérer des peuples, ce qui a été le cas de l’Union Soviétique.

C’est précisément ce qu’a dit, le 7 janvier, notre président de la République lorsqu’il a reçu Erich Honecker à l’Élysée en s’exprimant dans son toast final : « Le passé ne s’oublie pas, comme ne peut s’effacer chez les Français le souvenir des efforts héroïques de tous les Allemands qui comme vous se sont opposés au nazisme… L’esprit de liberté animait alors contre le même ennemi les combattants de tous les horizons. Puisse-t-il redevenir le bien commun de toute l’Europe, car comment s’imaginer que tous les Européens s’accordent sur la paix s’ils se séparent sur la liberté ».