Genève, 14 avril 1988, Afghanistan et URSS signent un accord (en présence du Pakistan et États-Unis) qui prévoit notamment le retrait des troupes soviétiques. Aujourd'hui le retrait est effectif, le gouvernement est toujours en place mais des combats se poursuivent sans résultat significatif : en un mot la situation s’enlise. L'auteur, qui y a effectué plusieurs séjours, dresse un bilan très complet de l’influence des diverses « résistances » et s’efforce de discerner ce que pourrait être l’avenir.
Afghanistan : après le retrait soviétique
La résistance afghane déçoit. Le retrait des forces armées soviétiques n’a pas provoqué la chute immédiate du régime de Kaboul. Pire, l’échec du siège de Jalalabad fait douter de la capacité des moudjahidin à prendre le pouvoir. Sur le plan diplomatique, les tractations entre partis de la résistance pour la formation d’un gouvernement provisoire laissent mal augurer de l’avenir, d’autant que les shiites n’y participent toujours pas. Cette situation, surprenante au regard des prévisions optimistes de fin 1988, laisse craindre à certains une survie à long terme d’un régime communiste cantonné à quelques grandes villes. L’éclatement du pays pourrait suivre selon les traditionnels clivages ethniques ou religieux. Un tel chaos aurait l’avantage, pour les Soviétiques, de justifier a posteriori leur intervention.
Mais à trop se focaliser sur les jeux des partis de Peshawar, on risque de perdre de vue la situation à l’intérieur du pays, qui reste à long terme déterminante. Après dix ans de guerre et la mise en échec de l’armée soviétique, au prix de plus d’un million de morts, la résistance reste mal comprise. En dehors de la figure légendaire d’Ahmed Shah Massud, l’Occident connaît mal les combattants de l’intérieur. Pour décrire la situation actuelle du pays, on présentera, pour simplifier, quelques zones fortement individualisées.
Le Hazarajat
Il reste 95 % de l'article à lire