L'année 1989 ne manque pas de titres la qualifiant de seuil historique : bicentenaire de la Révolution française ; surtout craquements ouverts du monde communiste (du printemps de Pékin à l'avènement d'une semi-démocratie en Pologne) ; enfin épuisement réel ou apparent des conflits du Tiers-Monde… Au-delà de cette accélération des événements politiques, un enjeu international de fond s'est trouvé consacré : celui de l'environnement. Pourquoi, en quoi, ce problème est-il susceptible de transformer les données de la politique internationale ?
Politique et diplomatie - 1989, l'année verte
L’année 1989 ne manque pas de titres la qualifiant de seuil historique : bicentenaire de la Révolution française ; surtout craquements ouverts du monde communiste (du printemps de Pékin à l’avènement d’une semi-démocratie en Pologne) ; enfin épuisement réel ou apparent des conflits du Tiers Monde… Au-delà de cette accélération des événements politiques, un enjeu international de fond s’est trouvé consacré : celui de l’environnement. Pourquoi, en quoi, ce problème est-il susceptible de transformer les données de la politique internationale ?
La notion d’environnement porterait en elle une approche nouvelle des rapports internationaux. Selon la démarche classique et toujours centrale, l’État est souverain, donc maître et gardien ultime des ressources se trouvant sur son sol. En 1974, la charte des droits et des devoirs économiques des États, qui inscrit, dans une résolution des Nations unies, les revendications du Tiers Monde, réaffirme cette idée de contrôle national des ressources, la brandissant contre un Occident perçu comme prédateur et impérialiste. Cette logique de souveraineté est aussi celle de la répartition, du partage. À ce propos, la convention de Montego Bay sur le droit de la mer (1982) reflète bien la tension ou la contradiction entre l’approche classique, axée sur l’appropriation nationale, et la quête incertaine d’un autre fondement : d’un côté, la convention de Montego Bay consacre l’élargissement du domaine maritime national (mer territoriale d’une largeur de 12 milles marins, zone économique exclusive jusqu’à 200 milles), favorisant donc les États qui, par la chance de la géographie, disposent de rivages ; de l’autre côté, cette même convention est le premier texte d’ambition normative à approfondir le concept de « patrimoine commun de l’humanité », érigeant, tout au moins en principe, les ressources provenant des hauts-fonds marins en richesses communes, devant être réglementées et exploitées par des structures internationales.
Le thème de l’environnement étend, globalise cette perspective. L’air, l’eau, la terre, la forêt, les espèces animales et végétales, mais aussi les monuments historiques, les œuvres d’art, sont reconnus comme autant d’éléments indispensables certes à la survie des hommes mais aussi à la conscience qu’ils ont d’eux-mêmes. Au-dessus des intérêts nationaux, un intérêt général de l’humanité émergerait moins autour de valeurs philosophiques ou de règles juridiques que d’exigences concrètes : réchauffement de l’atmosphère, usure des sols, gaspillage des sources d’énergie, dégradation des cadres de vie… En outre, comme le symbolise la catastrophe de la centrale nucléaire soviétique de Tchernobyl en 1986, nombre de désastres écologiques ignorent et abolissent les frontières. Tout grand problème d’environnement, de la pollution du Rhin ou du Danube à la destruction de la jungle amazonienne, est par nature international.
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