La conclusion prochaine des START : triomphe de la raison ou essoufflement des champions ?
Les négociations sur la réduction des armements stratégiques (START) sont entrées dans une phase d’accélération à l’issue de la rencontre de Jackson Hole (Wyoming) entre le secrétaire d’État James Baker et son homologue soviétique Edouard Chevardnadze les 22 et 23 septembre 1989. Le climat qui a présidé aux entretiens et les conclusions sur lesquelles les deux parties se sont accordées ont fait dire au chef de la diplomatie américaine que les relations soviéto-américaines étaient entrées dans une ère nouvelle : « Après l’affrontement puis le dialogue », les deux superpuissances « en sont à présent à la coopération » (1).
Baromètre des relations entre Washington et Moscou, les START ont bénéficié de l’amélioration du climat entre les deux capitales. Un certain nombre de points d’achoppement ont été en effet résolus lors de la rencontre de Jackson Hole. En témoignent la levée par les États-Unis de leur opposition aux missiles terrestres intercontinentaux mobiles, ainsi que l’abandon par l’Union Soviétique du lien entre le succès des négociations START et un accord en matière de défense spatiale. Un accord-cadre sur les mesures de stabilité et la vérification des START a également été conclu. Si le président Bush est resté prudent quant à la possibilité de signer un traité lors de sa rencontre avec M. Gorbatchev, prévue pour le printemps ou l’été 1990, il apparaît désormais plus que vraisemblable, à moins d’un accident de dernière minute, que les États-Unis et l’Union Soviétique ont entamé la dernière ligne droite vers un accord de réduction de leurs arsenaux stratégiques.
Il aura fallu sept ans pour parvenir à un tel rapprochement. C’est en effet en juin 1982 que les pourparlers dans le cadre des START ont été amorcés à Genève. Peu de temps avant le premier round de négociations, le président Reagan avait défini (2) les principes qui allaient inspirer les États-Unis : accroissement de la stabilité stratégique par une limitation des systèmes de première frappe, en l’occurrence les missiles ICBM lourds à charges multiples (ogives MIRV), réduction des risques de guerre lors d’une crise, diminution significative des arsenaux stratégiques et définition de procédés fiables de vérification. Sans entente sur ce dernier point, il sera sans doute impossible de mobiliser aux États-Unis les 67 sénateurs nécessaires pour la ratification d’un éventuel traité.
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