Décembre 1989 - n° 504

Désarmement

Défense Nationale présente ici à ses lecteurs quatre textes constituant un dossier spécialement consacré aux problèmes du désarmement. Ils sont dus à M. Yves Boyer, directeur adjoint du Centre d’étude des relations entre technologies et stratégies, à M. Walter Schütze, secrétaire général du Comité d’étude des relations franco-allemandes, à M. Jean Klein, universitaire et chercheur à l’Institut français des relations internationales et au général Compagnon. Ils étudient, respectivement, le problème de la limitation des armements nucléaires stratégiques, la réduction éventuelle des forces conventionnelles en Europe, les changements que le nouveau comportement soviétique a pu apporter à cet égard, et la question des armes chimiques. Lire la suite

  p. 9-9

Les négociations sur la réduction des armements stratégiques (START) sont entrées dans une phase d’accélération à l’issue de la rencontre de Jackson Hole (Wyoming) entre le secrétaire d’État James Baker et son homologue soviétique Edouard Chevardnadze les 22 et 23 septembre 1989. Le climat qui a présidé aux entretiens et les conclusions sur lesquelles les deux parties se sont accordées ont fait dire au chef de la diplomatie américaine que les relations soviéto-américaines étaient entrées dans une ère nouvelle : « Après l’affrontement puis le dialogue », les deux superpuissances « en sont à présent à la coopération » (1)Lire les premières lignes

  p. 11-18

Rien n’est plus comme avant depuis que Mikhaïl Gorbatchev règne au Kremlin, et c’est vrai surtout en matière de désarmement et de maîtrise des armements. La règle du jeu, selon laquelle chaque partie faisait des propositions dont elle savait d’avance qu’elles seraient rejetées par l’autre — ce qui avait rendu vaines les négociations sur les euromissiles comme les pourparlers de Vienne dits MBFR —, fut bouleversée par le nouveau maître de l’URSS, en janvier 1986, lorsqu’il accepta la « solution zéro » pour les missiles intermédiaires, proposée en 1981 par le président Reagan. Quatre mois plus tard, lors de son séjour à Berlin-Est, il se déclarait prêt à entamer de nouvelles négociations sur les forces conventionnelles, et le Conseil de l’Atlantique Nord, réuni à Halifax en mai 1986, institua, avec la participation de la France, un groupe de travail de ses seize membres pour en préparer les bases. Un mois plus tard, le sommet des pays du Pacte de Varsovie entérina, à Budapest, cette nouvelle approche soviétique, l’extension de la perestroïka aux domaines militaire et du désarmement. Les objectifs de l’Alliance atlantique furent précisés lors de la réunion ministérielle à Bruxelles, en décembre 1986, et puisque la troisième conférence sur les Suites de la charte d’Helsinki — la CSCE — s’était ouverte à Vienne le même mois (les autres ayant eu lieu à Belgrade et à Madrid), les représentants auprès de cette conférence des 23 pays appartenant aux deux alliances militaires commencèrent, en février 1987, des pourparlers exploratoires. Lire les premières lignes

  p. 19-31

Depuis l’accession au pouvoir de M. Gorbatchev, le débat sur la sécurité se développe selon des modes inédits en Union Soviétique, et dans le discours officiel on perçoit des accents nouveaux. Jadis, on raisonnait en termes d’antagonisme irréductible entre les mondes socialiste et capitaliste, et les politiques de défense s’inscrivaient dans la perspective de la préparation d’une guerre victorieuse en cas d’agression impérialiste ; aujourd’hui, on est plus sensible à l’impératif de survie d’un monde menacé dans son existence par les armes de destruction massive et l’on se préoccupe tout autant de ralentir la course aux armements, par des accords avec l’adversaire-partenaire, que de perfectionner un outil militaire dont l’emploi provoquerait des ravages incommensurables. Dans la littérature soviétique, l’idéologie de la lutte des classes a cédé le pas à une philosophie des relations internationales fondée sur la prise en compte des intérêts communs de l’humanité et sur les exigences d’un règlement pacifique des différends ; l’accent a été mis sur le caractère défensif de la doctrine militaire et les pays du Pacte de Varsovie ont annoncé qu’ils se conformeraient, à l’avenir, au principe de la « suffisance raisonnable » dans l’organisation de leurs forces armées et l’acquisition des armements : quant au désarmement et à la maîtrise des armements, ils sont devenus partie intégrante de la politique de sécurité de l’Union Soviétique et on a relevé qu’elle ne voyait plus d’objection à souscrire à des mesures de contrôle se traduisant par des inspections in situ, ni à procéder à des réductions asymétriques, si telle était la condition du rétablissement de l’équilibre à un niveau inférieur d’armements. Lire les premières lignes

  p. 33-48

Encadrées par la Conférence internationale de Paris en janvier et les déclarations devant l’Assemblée générale de l’ONU du président américain Bush et du ministre des Affaires étrangères soviétique Chevardnadze fin septembre, les négociations en vue du désarmement chimique ont fait des progrès sensibles en 1989. Lire les premières lignes

  p. 49-60

Repères - Opinions - Débats

L'accord sur la création des centres pour la réduction des risques nucléaires, publié dans notre revue en janvier 1988, avait été signé par les Américains et les Soviétiques seuls. Quant à l'accord faisant l'objet de cet article ci-dessous, il a été élaboré par les deux Grands sans beaucoup de considération pour les Européens. Et pourtant, si des activités militaires dangereuses avaient lieu, il se pourrait bien qu'elles se produisent sur le Vieux Continent !

  p. 61-69

L'expérience des crises, ces dernières années, a montré le rôle considérable que les réactions de l'opinion publique – et donc son maniement – peuvent avoir sur leur conduite et leurs développements. C'est le thème de cet article en s'appuyant sur l'interprétation que l'Administration américaine a donnée de ces crises et en les reprenant à son compte.

  p. 71-79

L'auteur nous tient informés de l'évolution des problèmes de sécurité du Vieux Continent au sein du Parlement européen. Bien que les réticences nationales soient toujours vives, un « esprit communautaire de défense » se fait jour lentement sous la forme du fameux pilier européen dans l'Alliance atlantique.

  p. 81-96

Dans la tradition de son père, l'auteur s'intéresse particulièrement au monde arabe et musulman. Sans chercher à être exhaustif, car tel n'est pas son but ici, il met en relief certains des aspects de la déjà longue et tumultueuse histoire des chiites du Liban, sans la connaissance desquels, leur situation, aujourd'hui, ne peut être objectivement jugée. Lire les premières lignes

  p. 97-114

Comme chaque année, le Secrétariat général de la défense nationale (SGDN) avait organisé avant la rentrée universitaire des journées d'études destinées à associer, autour d'un thème de réflexion d'actualité, d'une part des universitaires se consacrant à la recherche et à l'enseignement sur les questions de défense, et d'autre part des spécialistes civils et militaires du sujet retenu. Ces journées se sont ainsi tenues en septembre sur le thème « Défense et économie » à la faculté de droit de l'université de Nice, dans le cadre de l'Institut du droit de la paix et du développement, et sous la présidence de M. Edmond Malinvaud, professeur au Collège de France, l'éminent économiste que l'on sait.

  p. 115-123

L'auteur propose à la revue une analyse sérieuse du livre de Salman Rushdie, Les versets sataniques. La qualité de l'ouvrage, les commentaires approximatifs qu'on en a publiés, les remous qu'il a créés dans le monde musulman et la menace qui pèse toujours sur l'auteur justifient cette initiative. Le caractère fantasmagorique de l'œuvre, l'érudition dont fait preuve l'auteur en matière d'islam et les déformations volontaires dont il travestit la vérité exigeaient un travail attentif et documenté. Lire les premières lignes

  p. 125-130

Voici un article sur la guerre chimique particularisé sur la Marine écrit par un officier de cette armée, spécialiste des questions de sécurité et de défense NBC à bord des bâtiments de la Marine. Lire les premières lignes

  p. 131-145
  p. 147-152

Chroniques

L’Antarctique, réserve naturelle ? Lire les premières lignes

  p. 153-156

• « L’influence des militaires américains après la guerre du Vietnam ». La revue Armed Forces and Society, organe du séminaire interuniversitaire fondé par Morris Janowitz à Chicago, publie dans son numéro d’été 1989 une étude d’un officier américain, David H. Petraeus, sur l’influence des militaires et l’emploi de la force par les États-Unis après la guerre du Vietnam. L’auteur cherche à dissiper un préjugé très fréquent : les chefs militaires ne pensent qu’à en découdre et poussent les civils à utiliser la force. Richard Betts a déjà démontré que cette vue simpliste a rarement été conforme à la réalité de 1945 à 1973. Lire les premières lignes

  p. 157-164

Quel avenir pour la flotte soviétique ? Lire les premières lignes

  p. 165-168

Données financières Lire les premières lignes

  p. 169-173

L’adoption d’un nouvel uniforme pour une armée n’est jamais un événement mineur. La tenue militaire est en effet le symbole le plus visible de la présence de la Défense dans la Nation. À travers elle, c’est l’image que les militaires veulent donner d’eux-mêmes et acceptée par la société civile qui s’exprime. Lire la suite

  p. 174-176

Le 21 octobre 1989, la frégate antiaérienne Jean Bart prenait armement pour essais à Lorient. Dix-huit mois seront nécessaires pour mettre au point la somme technologique que représente le plus moderne des bâtiments de surface de la Marine nationale. Seront testés les organes concourant à la fourniture d’énergie, à la propulsion et à la manœuvre ou à la détection, en passant par les systèmes d’armes, les moyens de prévention et d’intervention contre les accidents ou les avaries de combat, sans oublier l’habitabilité et les conditions de vie de l’équipage. Lire les premières lignes

  p. 177-180

Les Armées de l’air, à la différence des autres Armées, sont amenées, en temps de guerre, à conduire les opérations à partir des plates-formes sur lesquelles elles sont stationnées en temps de paix. La mise en œuvre des vecteurs aériens nécessite une infrastructure, un environnement technique et humain particuliers qui laissent peu de place à l’improvisation. Lire la suite

  p. 181-183

Maghreb : les obstacles Lire les premières lignes

  p. 184-190

* Si la détente nous permet de nourrir un espoir légitime de paix, elle ne doit pas pour autant conduire à changer le cap de notre politique de défense : une politique de défense fondée sur une disposition dans le cadre de la stricte suffisance. Lire la suite

  p. 191-191

Bibliographie

Jacques Adda et Marie-Claude Smouts : La France face au Sud  ; Éditions Karthala, 1989 ; 363 pages - Pierre Morisot

Sur un sujet épineux, l’aide au Tiers-Monde et le jeu de la France dans cette entreprise, se penchent deux chercheurs qui évoluent en pays de connaissance, ainsi qu’en témoigne leur part dans l’abondante bibliographie. Lire la suite

  p. 192-193

Noël de Cointet : Edouard de Cointet de Fillain (1911-1951)  ; Édité par l’auteur, 1989 ; 195 pages - René Cagnat

On aborde ce livre par estime pour une famille (l’ouvrage disponible chez le capitaine de frégate de Cointet ; 4, rue de Clichy, 75009 Paris) et respect d’un destin. On le lit, en fait, avec la plus grande attention tant l’ouvrage résume, à travers les aléas d’une vie, la grandeur et les souffrances de notre histoire coloniale. Que de talent et que de dévouement pour une œuvre de civilisation qui marque encore l’Afrique comme la péninsule indochinoise. Lire la suite

  p. 193-194

Philippe Georgel : Les mirages du pétrole  ; Fondation pour les études de défense nationale (FEDN), 1989 ; 245 pages - Philippe Durix

Spécialiste du droit de l’énergie, Philippe Georgel présente dans cet ouvrage les problèmes qu’a posés dans le passé et que posera dans l’avenir l’écart entre la production et la consommation de pétrole. S’appuyant sur une riche documentation, il propose une nouvelle politique énergétique pour la France et l’Europe. Lire la suite

  p. 194-195

Revue Défense Nationale - Décembre 1989 - n° 504

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Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

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