Pages d'histoire - La défense de Varsovie, vue par un chef polonais
La mise en état de défense de Varsovie au début des hostilités (septembre 1939) avait été ordonnée par le généralissime Rydz-Smigly. Il était, en effet, nécessaire de protéger la ville contre les raids de blindés allemands qui avaient réussi à pénétrer sur les arrières de nos armées ; il était d’autre part indispensable de tenir les passages de la Vistule à Varsovie et à Modlin, afin de permettre le repli de nos forces engagées à l’ouest du fleuve.
Ces conceptions militaires s’étayaient de considérations morales : au fur et à mesure que les mauvaises nouvelles parvenaient à la capitale, un véritable raidissement s’emparait des esprits, faisant surgir une volonté combative acharnée, d’autant plus méritoire que la population s’accroissait sans cesse d’un flot de réfugiés. C’est cet état d’esprit qui permit la longue résistance de la ville.
La capitale avait pour président M. Starzynski, sur la valeur duquel, avant la guerre, l’opinion était divisée : tout en lui reconnaissant de belles qualités d’intelligence et de travail, on lui reprochait parfois un esprit fantasque et rêveur. Cet homme modeste allait faire preuve d’une énergie sans borne et d’un patriotisme héroïque : il fut l’âme de la défense. J’ai eu sous les yeux les dernières paroles prononcées à la radio par lui, aux heures tragiques de la fin : « J’avais rêvé de construire une grande Varsovie. Avec mes collaborateurs, j’avais tracé des plans propres à réaliser ce rêve. Bien des années nous auraient été nécessaires, quinze, vingt ans, peut-être un demi-siècle. Au moment où je vous parle, la ville est noyée dans une mer de feu ; nos églises, nos monuments sont détruits ; nos rues sont coupées de barricades sur lesquelles gisent des cadavres, nos parcs sont devenus des cimetières. Mais c’est aujourd’hui que Varsovie, dans la lutte et la souffrance, a atteint l’apogée de sa grandeur. »
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