Politique et diplomatie - Un pays tout de même comme les autres
Le 26 février dernier, la chute de l’indice Nikkei de la Bourse de Tokyo, la plus forte survenue depuis le krach d’octobre 1987, a mis en lumière la vulnérabilité de celui qui s’impose, en cette fin du XXe siècle, comme « le modèle » : le Japon.
Tout (ou presque) dans le Japon d’aujourd’hui suscite la fascination. Ce pays reste le seul à avoir été frappé par l’arme atomique ; en 1945, il se soumet totalement à la volonté du vainqueur américain, applaudit la métamorphose que ce dernier exige de lui… et demeure lui-même. S’interroger sur le Japon, c’est réfléchir sur l’énigme que représente tout extrême. Ainsi, tant en 1868 (révolution Meiji) qu’à l’issue de la guerre, le Japon, condamné à l’occidentalisation, la reconnaît comme sienne, l’intériorise, comme si la supériorité de l’Ouest était en définitive inessentielle, finalement inopérante face à une identité nipponne renaissant intacte de toutes les transformations.
Qu’il s’agisse du raffinement du culte des formes ou de la cruauté du soldat japonais, de la capacité de travail ou, aujourd’hui, de la frénésie de luxe, le Japon est perçu comme le pays de l’extrême, qui ne connaîtrait aucune des inerties, aucune des limites que rencontrent les autres sociétés occidentales. Le Japon travaille, apprend, épargne, cherche, alors que l’Amérique et l’Europe vivent sur leurs acquis ; telle est, du moins, la vision reçue d’invincibilité du Japon, intuition confirmée, semble-t-il, par des percées dans l’automobile, l’électronique, et, demain, l’aéronautique ou l’espace.
Il reste 90 % de l'article à lire
Plan de l'article