Évolution des sociétés est-européennes
Les pays de l’Est sortaient du dernier conflit mondial avec une structure sociale encore partiellement féodale : depuis longtemps s’exerçait sur la région l’influence des grands propriétaires. Une partie de l’intelligentsia se recrutait parmi les membres appauvris de familles nobles. Il existait partout une nombreuse classe paysanne, ainsi qu’un prolétariat important et un sous-prolétariat agricole. La classe ouvrière était généralement peu nombreuse et surtout très inégalement organisée, sauf en Tchécoslovaquie. La classe moyenne n’était active que dans certaines régions ; à noter aussi la présence de quelques noyaux capitalistes et celle de juifs assimilés, qui ne constituaient pas une minorité nationale. Autre remarque : le niveau social extrêmement inégal de la paysannerie.
Le rôle des partis politiques avant 1945 était plutôt négatif : absence de vie démocratique, sauf en Tchécoslovaquie et partiellement en Hongrie, où le pouvoir réactionnaire avait toléré dans certaines limites l’existence de partis d’opposition. La diversité des tendances sociales n’était pas la seule cause de la division et de l’éparpillement des forces politiques à l’intérieur des États est-européens. Ceux-ci comportaient — et comportent encore aujourd’hui — de nombreuses minorités nationales, dont la présence soulève des problèmes presque insolubles.
La défaite du fascisme et l’écroulement des systèmes sociopolitiques réactionnaires ouvrirent un chapitre nouveau. De 1945 à 1948, les différents pays de l’Est connurent une croissance autonome et une démocratisation incontestable de la société, marquée par une réelle promotion sociale. C’était la fin du féodalisme, la destruction des structures traditionnelles : réforme agraire, premières nationalisations.
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