L'auteur, chargé de mission auprès du ministre de la Défense, ancien président de la Fondation pour les études de défense (FEDN), a longuement étudié toutes les questions se rapportant à la sécurité du Vieux Continent. À l'occasion des bouleversements récents et actuels, il nous propose un concept de sécurité européenne basé sur une dissuasion garantissant la paix au maximum avec des moyens nucléaires minimaux.
Une nouvelle formulation du concept de sécurité européenne
M. Georgui Arbatov nous avait bien prévenus, les Soviétiques allaient nous jouer le mauvais tour de nous priver d’ennemi. Mais ce faisant, ils ont effacé en retour le diable peint sur leur mur. Ils en ont perdu toute cohésion, à la fois externe avec la décomposition du Pacte de Varsovie et plus grave, interne, avec la désagrégation du tissu social soviétique, notamment sous l’effet de la réapparition des affrontements ethniques. En conséquence, le débat sur la sécurité en Europe s’en est trouvé relancé, mais il faut bien prendre garde que sa signification a évolué.
En effet, au-delà de l’obsolescence des considérations purement militaires de l’ère de la confrontation bipolaire, se profile la véritable dimension de l’enjeu actuel, essentiellement économique. Les États-Unis comme l’URSS ne s’y trompent pas et partagent la même crainte d’être écartés de la zone européenne de prospérité et de développement qui, chacun le constate, est amenée à prendre de plus en plus d’importance. C’est la raison pour laquelle tous deux tentent par tous les moyens de s’y maintenir et avancent, pour les Américains le plan Baker, pour les Soviétiques les thèmes de la maison commune, de l’interdépendance économique, de la présentation d’une puissance européenne avec une vocation particulière en Asie.
Or, il ne faut pas se leurrer, tout nouvel ordre économique présuppose nécessairement une nouvelle cohérence politique, c’est-à-dire une vision commune et satisfaisante de la sécurité en Europe, inscrite dans un cadre conceptuel indispensable à l’essor de la coopération économique.
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